C'est en 1989, après une flopée d'album oscillant entre le médiocre et le moyen depuis Coney Island Baby en 1975, que Lou Reed décide de se reprendre et de montrer que non, il n'était pas mort et qu'il était capable de retrouver les sommets après les avoir tutoyés avec le Velvet Underground puis lors de ses débuts en solo. On peut constater un vrai retour au premier plan depuis 1987 et la mort d'Andy Wharol, d'abord avec New York, puis l'hommage qu'il sortira pour l'initiateur du pop art avec John Cale (Song for Drella) et enfin la reformation du Velvet Underground avec tous les membres d'origine.
Pour en revenir à New York, son meilleur album depuis Berlin et tout simplement son dernier grand disque, il sort de très difficiles années 1980 (ce qui a été le cas avec de nombreux artistes) et toutes les expérimentations sonores et divers rajouts de synthé qui en découlaient et qui ne lui allaient pas du tout. Il revient vers une production plus brute, plus rock et épurée. Deux guitares, une basse, une batterie et rien d'autre, Lou revient aux fondamentaux du rock et c'est tant mieux. Musicalement il se révèle inspiré tandis qu'on retrouve toute sa poésie urbaine dans les paroles, où il évoque la société américaine, le SIDA, les laissés-pour-compte, les excès du monde moderne, la guerre et bien évidemment sa ville de New York, faisant office aussi de constat après le double mandat de Reagan. D'ailleurs, on peut que constater que dans les meilleurs albums de Lou Reed, les paroles ont une grande importance et c'est encore le cas ici où, au son d'un rock épuré, il nous raconte son Amérique à travers la ville de New York.
C'est bel et bien un Lou Reed en très grande forme qui a en plus des choses à dire qui enregistre New York. Rien à jeter et l'ensemble s'écoute avec fluidité et cohérence dans un style assez âpre. Il enchaîne quelques pépites comme Romeo Had Juliette, l'immense Dirty Boulevard (avec la science des breaks de Lou !), la belle Halloween Parade, Endless Cycle et ses petites touches country, Last Great American Whale, Beginning of a Great Adventure, Xmas in February ou encore Hold On, toutes sont d'ailleurs bien meilleures que la grande majorité de toute ce qu'il a composé depuis Coney Island Baby. Dans son style atypique, ici et plus que jamais proche du parler/chanter, il se montre tour à tour cynique, pessimiste, nerveux et même parfois joyeux et, tel un vieux sage expérimenté, observe le monde et ses changements. Son groupe pose des rythmiques efficaces et implacables tandis que Lou Reed nous livre quelques belles mélodies qu'on n'avait plus entendues depuis bien longtemps chez lui.
Après avoir enchaîné plusieurs albums loin d'être à la hauteur de son talent, Lou Reed revient en grande forme en cette année 1989 avec New York où, en nous racontant sa vision de l'Amérique et son évolution, il livre de belles mélodies, ce à quoi on était plus habitué depuis le milieu des années 1970 et ce, sur un son bien rock et épuré. Il retrouve sur New York Moe Tucker pour deux chansons, puis il rejouera avec John Cale avant de reformer le Velvet Underground. La suite sera malheureusement moins réussie et New York est son dernier monument.
1.Romeo Had Juliette – 3:09
2.Halloween Parade – 3:33
3.Dirty Blvd. – 3:29
4.Endless Cycle – 4:01
5.There Is No Time – 3:45
6.Last Great American Whale – 3:42
7.Beginning of a Great Adventure – 4:57
8.Busload of Faith – 4:50
9.Sick of You – 3:25
10.Hold On – 3:24
11.Good Evening Mr. Waldheim – 4:35
12.Xmas in February – 2:55
13.Strawman – 5:54
14.Dime Store Mystery – 5:01
Album en entier.