3 ans après le très bon Noir Désir, Youss revient et nous sert la deuxième partie du menu. Quitte à se prendre les mêmes critiques que la dernière fois, lui qu'on avait déjà accusé de se répéter au sein d'un même album. Après tout "les abrutis diront que j'ai toujours le même thème"...
NGRTD - Négritude donc - est la suite assumée et logique de son prédécesseur. On l'identifie dès l'artwork, et un rapide coup d'oeil à la tracklist confirme la thèse. De l'ouverture sur la pertinente Où Est L'amour? qui fait écho à L'amour, à la clôture sur le thème de la mort, une nouvelle fois remarquablement bien abordé, Youssoupha nous fait voyager au rythme des beats qui avaient déjà si bien fonctionné sur Noir D. Rien de bien nouveau donc, mais la recette est tellement efficace, surtout quand il enchaîne les punchlines aussi assassines que bien dosées: "Depuis, je mêle amour, violence et colère / Flow insolent, j'ai mis un cheveu sur la langue de Molière" (Où est l'amour) ; "Et j'ai l'humeur qui change beaucoup, va demander à tes potes / Je suis tyrannique mais un peu cool, Saddam Hussein Bolt" (Mannschaft) ; "Où sont mes guides, mes girls ? Je viens les dépanner / Moi, j'suis l'meilleur rappeur d'un pays où je n'suis même pas né" (Salaam) ; ...
Alors c'est certain, la plume est au rendez-vous. Mais sur des galettes de 16 titres, même les plus grands se sont répétés. Même IAM, à qui Youss fait plus que jamais référence sur NGRTD. Comme ses idoles, il se répète inévitablement, sur le fond comme sur le... flow. On a à plusieurs reprises une désagréable impression de déjà vu, sur des titres qui s'en retrouvent lésés malgré une instru et des lyrics encore une fois définitivement au niveau (Entourage).
Comme pour s'en dédouaner, Youssoupha va explorer des arrangements différents, aux sonorités électro, comme il l'avait fait sur l'excellente La Vie Est Belle. Pas étonnant de retrouver une prod qui rappelle Skread sur Mannschaft, et comme une suite logique, de voir apparaître les Casseurs en feat sur la géniale Memento, dont l'originalité et la lourdeur en font le barycentre de l'album. En effet, après un sans-faute sur les premiers titres, Youss s'égare dans des titres moins nécessaires, voire carrément ratés (A Cause de Moi). Malgré une fin de disque réussie, on se demande si NGRTD n'aurait pas gagné à être allégé d'un peu de lest. Qu'importe, Youssoupha confirme s'affirme avec Négritude comme l'un des porte drapeaux du rap français.
Bilan: J'aurais mis 8 si Youss prononçait pas Mannschaft comme un journaleux de Téléfoot.