Critique de Night par Thomas Martin
L'album le plus abouti des scandinaves qui prennent le rock progressif de volée avec ce "Night" très envoûtant.
le 23 déc. 2011
Groupe méconnu du grand public, Gazpacho s'est pourtant imposé dans le paysage du rock progressif depuis maintenant plusieurs années. Son succès auprès des initiés et de la critique, assez dithyrambique est à mon avis du à trois facteurs : l'étrangeté de ses sonorités avec un style particulier et reconnaissable immédiatement, la voix de son chanteur, Jan-Henrik Ohme, là encore particulière, lancinante, presque irréelle, quasi androgyne par moment, et son côté indépendant (le groupe s'étant d'abord fait connaitre sur le web, sans producteur, gardant une indépendance presque totale).
Le groupe norvégien est donc à la frontière de la noirceur d'un Steven Wilson, des ambiances à la Massive Attack ou Radiohead et un style proche de Marillion. Comme tout album de rock progressif (ou art rock), Night est un album concept aux morceaux longs et lancinants, construits autour de structures en leitmotiv. Un même thème émaille ainsi tout l'album, et se développe en d'infinis variétés. D'ailleurs il s'agit d'un seul et même morceau scindé en 5, dans une sorte de symphonie progressive dans la lignée des grands noms du rock progressif. L'orchestration est riche : guitare, basse, claviers, synthétiseurs, violons. L'album s'approche parfois du folklore classique scandinave ou à l'inverse des sonorités metal mais donne souvent une sorte d'atmosphère flottante et ethérée que la voix du chanteur parvient à produire. Et c'est précisément ces petites touches d'originalité, une instrumentalisation qui varie (guitare sèche qui s'inscruste, basse qui prend le dessus, duo violon/piano) qui fait le charme, sans oublier des bruitages (bruit de nature, d'animaux comme des chiens et des oiseaux, des voix), un classique du rock progressif. Ajoutons à cela une rythmique excellente, des lignes de basses efficaces, et des mélodies tout simplement oniriques.
Le morceau le plus entrainant est probablement Upside down. Dream of Illusion, gros morceau progressif de 17 minutes, quant à lui, pose l'ambiance et Massive Illusion passe par de nombreuses ambiances vocales (on approche même presque du gospel dans le refrain avec choeur et orgue) et instrumentales pour terminer et conclure l'album sur un joli duo piano/violon, dans un style classique. Chequered Light Building se construit sur le contraste entre une voix cristalline et une accompagnement metal. Idem pour Valerie's Friend qui dans son final est plus rugeux et violent que le reste de l'album avec un solo de guitare électrique avant de retomber dans une mélodie planante et symphonique aux cordes. Le groupe parvient finalement à être polymorphe et dans ses variations toujours original malgré un thème musical récurrent.
La thématique de l'album sur le rêve et la réalité, ici, trouve tout à fait écho dans le style de ce groupe assez original qui puise dans différents styles musicaux et instrumentaux, sons d'instruments classiques et électroniques, harmoniques parfois orientales et dissonnances, une voix étrange, et des bruitages complexes. Notons aussi la production impeccable de l'album.
Petite explication sur le site du groupe :
Night est une description musical d'un rêve, d'un flux de conscience (NB : "stream of consciousness", procédé littéraire qui consiste à décrire une expérience cognitive). Il explore où le rêve finit et où la réalité commence et l'esprit comme un outil qui doit décider ce à quoi il veut croire. Le personnage se promène à travers différents souvenirs, faux ou réels issus de différentes personnes. Il voyage à travers le temps et visite différents lieux dans le monde comme la Nouvelle Orléans ou des bois ancestraux où des rituels païens étaient pratiqués.
Perché ? Un peu. Etrange groupe, étrange univers. Gazpatcho, quel drôle de nom pour un groupe scandinave !
Créée
le 25 août 2017
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