Après un hiatus de dix ans, nos trois Riot Grrrl Corin, Carrie et Janet sont de retour d’abord et avant tout pour kicker des culs et montrer qu’elles ont encore derrière la cravate. Aussi réussies que furent leurs escapades respectives en ‘solo’, jamais les trois musiciennes ne seront autant à leur place qu’au sein du trio — nul besoin de rappeler qu’elles peuvent se vanter de posséder une des discographies les plus parfaites de l’histoire du rock! Chacun de leurs albums est une expérience en soi, et No Cities to Love ne fait pas exception.
La chose la plus frappante en premier lieu est sa durée : l’album est direct et concis, dix chansons balancées en à peine une demi-heure, emballé c’est pesé. Alors de deux choses l’une : soit on trouvera ça cheap (elles se sont vraiment pas foulées), soit on admirera la volonté farouche d’aller droit à l’essentiel, sans fioritures.
Le contraste avec l’album précédent est particulièrement frappant, même s’il faut se rappeler que The Woods marquait déjà une rupture, un disque en forme de déclaration d’intention de la part d’un groupe qui a toujours refusé la facilité et l’inertie. Ce n’est donc pas un hasard si No Cities to Love poursuit tout naturellement sur cette lancée en nous offrant des chansons à la fois typiques de Sleater-Kinney, et pourtant pas tout à fait non plus. Pour l’occasion, le trio renoue avec le réalisateur John Goodmanson, mais sans jamais sombrer dans la nostalgie. Les chansons de No Cities to Love sont plutôt rythmées, voire dansantes, et en même temps délicieusement tordues grâce aux guitares d’une Carrie Brownstein au sommet de sa forme. Ses riffs ultra carrés se marient fort bien avec des envolées plus baroques qui renvoient à ses expérimentations sur The Woods. Elle y ajoute aussi pas mal d’effets (déjà flagrants sur l’excellente « Surface Envy« ) histoire d’élargir encore davantage sa palette.
Dix ans, c’est beaucoup de temps passé hors de la scène musicale, j'espère que ce nouvel album pourra capturer les oreilles d’une nouvelle génération.