Aaaah Mother Mother ! Ce que j'ai pu les aimer ceux-là ! C'était ma découverte, ma préférence, mon petit groupe à moi ; celui que personne ne connaissait quand j'en parlais et qui devenait facilement, de par sa qualité, leur préféré à leur tour. Ils ne sont toujours pas plus connus en France, mais leur renommé au Canada s'est largement propagée, notamment depuis qu’Universal Music est devenu leur nouveau label. Et depuis ce changement, leur style s'est largement amenuisé. Mais revenons au début :
Je ne suis pas fan de la « première heure » car c'est avec leur second album que je les ai réellement découvert et apprécié. Qu'est-ce que je les remercie d'avoir gardé l'excentricité désordonnée du premier pour la canaliser sur cette Pop déjantée et intelligente sur les – disons 3 – albums suivants. Car cette approche musicale colorée, ces folles compositions folk/rock, remplies d'inventivité et de charme, ces chœurs de filles qui font des merveilles à chaque apparition méritaient de se retrouver sur un grand format : O My Heart sera celui-là et les deux autres qui suivront ne déméritent pas. Mother Mother, c'est un peu les ABBA du Rock, à la différence qu'ils ne sont pas suédois mais canadiens… et que l'excès de « production » les a peut-être tué, eux…
Car dès Very Good Bad Things signé chez Universal, leur son a changé, devenu plus compressé, comme le nombre d'idées qu'ils avaient l'habitude de mettre à foison dans chaque morceau. De nouveau producteurs ont tourné leur patte vers quelque chose de plus électronique. Oui, j'aime la Synthpop à la base mais là, à part l'excellent tube « Monkey Tree », son arpégiateur accrocheur et ses vocalises percutantes, les machines sont ici plus un frein à leur originalité qu'une bénédiction. J'étais ravi au départ qu'une grosse corporation mette en lumière un de mes groupes favoris, qui n'avaient jusque là pas eu la notoriété qu'ils méritaient dans un monde où on ne prend pas la Pop au sérieux, mais j'aurais du me douter qu'ils allaient perdre en saveur.
Et pourtant ça marche ! Avec « The Drugs » sur No Culture, Mother Mother ont signé leur premier numéro 1 au Canada ! Le titre n'a rien d'exceptionnel, un peu comme tout les titres de l'album, des couplets oubliables pour refrains simples, certes efficaces mais je m'attends à tellement plus que de l'efficacité de leur part ! Le groupe a retenu une leçon par rapport à Very Good Bad Things ; il n'y a plus d'EDM et la patte électronique ne sert maintenant qu'à donner un sentiment de puissance à leur Pop/Rock, surtout appliquée sur leurs beats imposants. On ne m'empêchera pas de sentir un rapprochement avec une production formatée pour les ondes, comme l'ont entamé peu à peu Coldplay ou l'ont toujours fait Imagine Dragons.
Heureusement, Mother Mother se démarque toujours par les restes de ce qui faisait leur originalité ; mélodies, chœurs, plaisir qu'ils prennent à jouer et que l'on ressent. Malheureusement, ils ne partent plus dans tout les sens, ont perdu de leur excentricité et se contentent d'une ou deux bonnes idées par morceau : les « ly » sur « Family », les « ah-ha ha ha ha » guillerets sur « Love Stuck », aisément le meilleur single de l'album… On les retrouve enfin sur un nombre importants de ballades (dont trois acoustiques sur la version Deluxe), genre auquel ils ont toujours excellé et qui prouve, encore une fois ici, qu'ils peuvent être plus subtils et jouer sur toutes gammes d'émotions…
No Culture remonte un peu le niveau de leur discographie qui avait été tirée vers le bas par Very Good Bad Things, et même s'il n'atteint jamais l'évidence de leurs chefs d’œuvres, je m'en contenterai, soulagé de constater qu'ils n'aient pas progressé dans leur chute. La magie que j'avais repéré dans ce groupe n'a toujours pas disparu et s'il faut faire maintenant quelques concessions pour la (re)vivre, je suis sûr qu'ils arriveront eux-mêmes à la ressusciter entièrement par la suite, en faisant fi de productions calibrées. S'ils arrivent à passer cette phase de succès commerciale sans perdre la tête, sans doute retrouveront-ils leur totale inspiration, leur totale liberté… et leur folie.