U2 se remet enfin au boulot...
C'est ce qui en ressort après écoute prolongée du disque. Si U2 avait décidé de faire, au début des années 2000, des chansons plus rassurantes et sans prises de risque au court de deux albums très consensuels, il en est autrement pour « No line on the Horizon ». Plus froid, plus inventif, plus recherché, ce dernier album de la trilogie 2000 sort enfin des sentiers battus, il était temps !
C'est dès l'ouverture de l'album avec le premier titre éponyme qu'on se rend tout de suite compte que ça va mieux. La production est au firmament, les sons recherchés, précis, la musique plus envoutante que jamais, ça y'est ! U2, à l'instar de leurs exploits des années 90, redeviennent créatifs. « No line on the Horizon » est une superbe chanson d'ouverture, à plus d'un titre, tour à tour aérienne, mélancolique et déchirante. Et pour une fois depuis longtemps, chacun y met du sien. Bono retrouve une belle voix limpide et puissante et sans minauderies. The Edge exploite de nouveaux effets de gratte, Larry à la batterie s'efforce de jouer d'une autre manière et la basse d'Adam est sourde et puissante. Retrouverait-on enfin le talent d'antan ? Celui des années « Achtung baby » et « Zooropa » ? Peut-être pas, mais on s'en rapproche !
« Magnificent » est un single assez différent de tout ce qu'avait pu sortir U2 jusqu'à présent. La voix est plus en retrait, la musique plus en avant, la basse en particulier qui mène bien la danse. Le solo de The Edge aérien, enrichit bien la chanson avec quelques arrangements au violon tout de même. « Moment of surrender » fait bien le lien, même si elle traine peut être un peu trop en longueur. Son ambiance mystique et la performance vocale de Bono contribuent parfaitement à la rendre attrayante. Sans compter le solo de The Edge vers la fin du morceau, très posé, tout en restant minimaliste.
La suite de l'album nous découvrir des perles comme « Fez » ou « White as snow » qu'on n'avait pas entendu depuis des lustres (depuis POP en 1997 en fait). D'autres morceaux plus tubesques comme « I'll go crazy if I don't go crazy tonight » (titre à chier j'en conviens, mais musique pas trop mal) ou « Get on your boots ». Cette dernière doit son influence au groupe « Queen of the stone Age » ou le chorus est quand même vachement pompé sur eux. « Stand up Comedy » groove pas mal, même si on sent que le groupe veut se rapprocher d'un hit en puissance tel que « Mysterious ways », on en est définitivement loin. Mais il y a de l'idée et de l'envie, c'est le principal.
« Breathe » est une excellente surprise, Bono l'interprète façon rap sur les couplets, et les refrains en ressortent bonifiés alors qu'ils sont très moyens à la base. Petit solo de The Edge recevable. On finit avec « Cedars of Lebanon » qui n'est pas sans rappeler les teintes atmosphériques lugubres de « The Unforgettable Fire », une chanson douce et apaisante. Et cette voix de Bono, qu'on n'avait pas entendu susurrée de cette façon depuis l'album POP.
U2 est sur la bonne voie avec ce dernier opus. Sur la bonne voie pour nous ressortir une trilogie digne de celle des années 90 ? Mmmmh... La cinquantaine bien entamée, reste à voir si leurs idées et leur capacité à créer vont suivre. Ceci étant, « No Line on the Horizon » n'est certes pas parfait, et on sent que le groupe se retient encore à nous pondre un véritable album décomplexé comme ils ont su le faire dans les années 90. En tous cas il n'est pas difficile pour lui d'être le meilleur album de la trilogie 2000, étant donné le faible niveau des deux précédents.