On connaît si bien les obsessions de Nick Cave, littéraires, “artistiques”, facilement caricaturales. On a tant tremblé au grondement menaçant de sa voix unique qu’on n’aurait pas de peine aujourd’hui à en sourire, mieux encore, à l’ignorer. Pourtant, tous les doutes sont encore balayés : ce n’est pas seulement la justesse de ce grand orchestre que sont les Bad Seeds, ni la sublime sérénité des mélodies funèbres, ni même les – rares – envolées vers les tourments et l’hystérie, toujours aussi incontrôlables. C’est, après tant de disques, la candeur éperdue du chanteur, bouleversé par ses propres récits de foi et de perdition, qui fait l’incandescence inimitable de cette musique. [Critique écrite en 2001]