Qu'on le veuille ou non il y a eu un avant et un après Meshuggah. Avec ce 4ème album la machine suédoise définit avec encore plus de précision un son et une écriture, el famoso "Djent". Terme popularisé sur internet et dans la presse qui englobera toute la scène metal prog utilisant des grosses guitares sous-accordées jouant des riffs lourds et groovy sur une batterie où le 4/4 est aux abonnés absents.
Mais alors quid de Nothing ? Hé bien pour moi il s'agit de l'album qui constitue la meilleure entrée dans le monde tordu des zicos originaire d'Umeå. D'abord grâce à la prod plus chirurgicale et plus "propre" (toute proportion gardée) et surtout, SURTOUT des riffs plus mid-tempo ultra groovy. On le comprend dès l'opener Stengah, c'est lourd, c'est précis, même le chant de Jens Kidman se fait plus monotone et vient appuyé la rythmique implacable de Tomas Haake. Parce que la musique de Meshuggah est avant tout bâti sur ça, la rythmique.
C'est d'ailleurs un ami batteur qui m'a fait découvrir le groupe avec cette album. Bien sûr j'avais déjà entendu le morceau Bleed à l'époque mais je n'étais jamais vraiment rentré dans le délire. A l'époque j'étais un metalhead plus "classique" et pour moi tout ce bruit restait très hermétique. A quel moment j'headbang ? Il est où le 1 ? Pourquoi y a un solo chelou au milieu de tout ce bordel ?
Ceux à quoi mon ami rétorqua :
Mec t'es con ! Ferme les yeux, concentre-toi sur la crash et au fur et à mesure tu capteras les nuances. C'est comme un puzzle, à un moment tu dégages le pattern et ça devient presque hypnotique.
Et pour le coup il avait raison. Cet album était "hypnotique". Presque méditatif par moment, étrange alors qu'en terme de son on est à des années lumières des compils lo-fi de youtube. Les leads et solos de Fredrik Thordendal viennent ajouter à cette ambiance singulière. Derrière un son primaire presque reptilien et une écriture complexe, Meshuggah arrive a provoqué un état second chez quiconque est prêt à se lancer dans l'aventure.
Comme quoi ça se joue à rien.