Au sommet de leur gloire, provoquant des scènes de liesse comme les Beatles lors de leurs tournées faramineuses, n°1 dans l'Occident avec leur « A View to a Kill » pour la BO de James Bond… le « NO NO NOTORIOUS » qui ouvre l'album et leur nouveau single en 1986 serait presque de mise… si le groupe n'était pas devenu trio, à la stupeur des fans, après le départ d’Andy et de Roger Taylor ; le dernier veut se consacrer à sa famille, le premier à sa carrière solo. Il a posé un peu de sa guitare sur le nouvel opus duranien mais devant l'accumulation des tensions, il a préféré se barrer.
Ils seront remplacés par le batteur Steve Ferrone et à la guitare, Warren Cuccurullo et Nile Rodgers ; ce dernier a enfin fini par produire entièrement un de leur album. Et ça se sent ; stylistiquement, nous sommes toujours sur du « Let’s Dance »-Bis, le rythme perd en folie ce qu'il gagne en mesure, les arrangements de cuivres et de riffs sur Fender sonnent classes comme jamais, le son est dépouillé, ce qui peut être considéré comme une déception comparé au foisonnement musical que fût leur side-project Arcadia.
Les tubes eux, sont moins évidents que sur leurs précédentes galettes. Bien sûr, l'imparable « Notorious » et son hook ravageur rencontra le succès escompté, jusqu'à être samplé plus tard par Notorious B.I.G., ce qui ne fût pas le cas des singles choisis ensuite ; « Skin Trade » et « Meet El Presidente ». Il faut dire que la minauderie à la Prince du premier ressemble plus à une parodie qu'autre chose et le second, trop enjoué, ferait même honte à Wham! et contraste avec le reste de l'album, plus chic, toujours aussi romantique, jusque dans ses ballades mélancoliques. J'aurais pour ma part choisi « Proposition » comme second single, plus obsédant par ses quelques notes au synthé glissées en boucle sur les couplets, son refrain rendu addictif par ces grattes et ces cuivres qui se répondent parfaitement. Mais bon…
Une petite marche arrière est à noter aussi au niveau des clips ; ils ont fait leur choix entre le cinéma et la musique, maintenant ils ne serviront qu'à promouvoir le groupe. Au revoir ambitions cinématographiques ! Si les clips restent esthétiquement plaisants, nous n'y voyons rien d'autre que le groupe qui joue et qui danse avec des filles, les plans étant agrémentés de différents filtres de couleur… L'objet disque est quant à lui inspiré par Hitchcock, les titres « Notorious » et « Vertigo » renvoyant d'ailleurs à deux de ses plus grands films.
La critique a en tout cas apprécié l'objet, sortant le fameuse ligne de la « maturité ». Le public aussi portera cet album, le considérant même pour certains fans comme leur sommet… Pour ma part, je le trouve effectivement satisfaisant mais je ne peux m'empêcher d'entendre une légère baisse de niveau mélodique comparé aux trois précédents ; et ça se confirmera sur les opus à suivre…