C’est Cle-Air ?
2005. Fin de l’hibernation pour Jad Wio. Plongé Nu dans une substance cryogène depuis près de dix ans, privé de label, engourdi dans ses bouillantes ardeurs, on ne donnait pas cher d’un Jad Wiolensky...
Par
le 9 oct. 2022
2005. Fin de l’hibernation pour Jad Wio. Plongé Nu dans une substance cryogène depuis près de dix ans, privé de label, engourdi dans ses bouillantes ardeurs, on ne donnait pas cher d’un Jad Wiolensky (personnage baptismal originel) enfermé à Clé dans son caisson réfrigéré et voué à un oubli universel (ou plutôt Sony Music en l’occurrence). C’était sans compter sur l’arrivée d’Air chaud générée par les nombreux fans inextinguibles qui - par amour de leur icône Pop - ont conjugué leurs micro-ondes en position décongélation pour la ramener à la vie – ou ce qu’il en reste. La vie : cette chose qui n’existe que par la mort. Que grâce à la mort. La mort : cette froide sensation qui vient nous frôler à chaque instant, directement ou par émissaires interposés : revenants, sang, accidents, lames, armes, larmes, neutrons, radiations, abandons…
Vingt ans ont coulé depuis les premiers enregistrements. Jad Wio, c’est Denis Bortek . Le groupe a vécu de nombreuses configurations (avec un guitariste nommé Kbye jamais très loin) et différentes collaborations (dont on retiendra en point d’orgue le mythique « Fleur de Métal » réalisé tout en finesse par le non moins mythique Bertrand Burgalat). Mais Jad Wio, c’est avant tout Denis Bortek. Sa personnalité hors normes, ses attitudes équivoques de dandy pervers, provocateur (*), androgyne, précieux, théâtral…collent au groupe comme un papier Rizla+ à une plaie de rasoir (difficile à décoller une fois sec). Sa voix métallique, froide puis brûlante une fois réchauffée. Son univers glauque et fascinant truffé de nuits troublantes et effrayantes, d’horreurs matinales grises et déprimantes, et des frissons humides qui vont avec. Et son âme qu’il cherche à sauver, une sorte de pureté à préserver, à tout prix et avant tout. Impossible de ne pas penser à Jean Guidoni en parallèle.
Nu Cle Air Pop (Entendez « Merde Nucléaire » ; car tous les titres – alternativement en français et en anglais- sont traduits en miroir dans la jaquette) est un beau disque. Fort et varié. Bortek est un caméléon. Iggy Pop, Bowie et Marc Bolan sont tout près ; mais aussi Frankie Goes to Hollywood, INXS, Placebo, Dépêche Mode (et Murat, la nuit venue ? ma préférée). Les programmations et l’électronique (excellent Christophe Schwob) mariées au son brut des guitares (Tristan Abgraal et le retour du Kbye d’origine), aux chœurs féminins ( Mona Soyoc, de Kas Product – un autre symbole de la french cold wave !) exhalent des ambiances sulfureuses à souhait pour un album sulfurique très accessible et parfaitement dans l’époque. A découvrir pour la richesse de ses compositions, la justesse de son interprétation et pour n’être pas passé à côté d’un pan incontournable de la glamour-Pop à la française. C’est Cle-Air ?
Créée
le 9 oct. 2022
Critique lue 7 fois
D'autres avis sur Nu Cle Air Pop
2005. Fin de l’hibernation pour Jad Wio. Plongé Nu dans une substance cryogène depuis près de dix ans, privé de label, engourdi dans ses bouillantes ardeurs, on ne donnait pas cher d’un Jad Wiolensky...
Par
le 9 oct. 2022
Du même critique
Bowie au biberon ? Même si en 1968 l’homme n’était pas bien vieux, même si sa carrière n’en était qu’à ses premiers pas, « BOWIE at the BEEB » n’a quand même pas pour traduction « BOWIE au biberon »...
Par
le 19 avr. 2021
5 j'aime
« J’aime à penser que les anciens fans des Beatles ont grandi, se sont mariés et ont des enfants, mais qu’ils ont gardé pour nous une place dans leur cœur » disait le gentil George Harrison dans une...
Par
le 19 avr. 2021
5 j'aime
2
Un de mes premiers chocs of the pop ! 1974, un samedi soir sûrement, sur l’écran noir et blanc du téléviseur familial, deux énergumènes à l’allure relativement inquiétante émettent une musique...
Par
le 18 avr. 2021
4 j'aime