Comme quoi, il ne faut pas désespérer. C'est après avoir longtemps bourlingué à travers l'Europe, avec sa guitare sur le dos, que Damien Rice eut l'idée d'envoyer une démo au compositeur de musiques de film David Arnold, qui, épaté, lui paya en retour un home-studio. Résultat, un premier album autoproduit et flamboyant, qui révèle le songwriter irlandais comme beaucoup plus qu'un nouveau David Gray. Son atout réside dans l'intensité poétique instinctive qui imprègne les ballades folk de O, que l'on sent écrites avec les tripes. La voix de Rice, proche de celle de Connor Oberst (Bright Eyes), se mêle parfois à celle de sa compatriote Lina Hannigan pour de splendides duos qui ne sont pas sans évoquer le Love Hurts de Gram Parsons et Emmylou Harris. On reprochera certes au disque ses quelques longueurs, que le chanteur parvient parfois à désamorcer d'un crescendo orchestral et cinglant (I Remember). Mais on peut raisonnablement penser qu'avec un premier opus de ce calibre, déjà platine en Irlande, est en train de naître une valeur sûre, de la trempe d'un Tom McRae. En attendant, on se prépare à l'automne avec ces tristes histoires d'O... (Magic)