O Gringo (le "gringo", le blanc en portugais du Brésil) sort en janvier 1980. Il s'agit du 7e album de Bernard Lavilliers, bien ancré à l'époque dans le paysage de la chanson française. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette œuvre, au demeurant excellente, résume parfaitement la carrière de l'artiste.
Cela commence avec la pochette : Lavilliers se trouve dans une chambre d'hôtel miteux, avec sa valise à peine déballée dans laquelle se trouve une arme. Il montre ses bras épais, marche pieds nus et sa guitare dans son étui accompagne ses voyages. Il cultive visuellement cette réputation de baroudeur.
Cela se confirme avec le disque qui alterne le rock (Rock city, Traffic). Les titres sont simples mais hyper efficaces. Les notes, les mots entrent tout de suite dans nos oreilles et cerveaux.
Les rythmes brésiliens sont évidemment présents : le faussement léger "O Gringo" et le mythique "Sertao" (en hommage aux révolutionnaires brésiliens du Nordeste) sont excellents.
Le reggae efficace (Kingston, Stand the Ghetto), une reprise de Léo Ferré sur un poème d'Aragon (Est-ce ainsi que les hommes vivent ?) les rythmes afro-cubains (La salsa, Pierrot-La-Lame) et un titre intimiste plein d'émotion (Attention fragile) peuplent aussi ce disque. Les textes parlent d'amour, de violence, de la misère... On est bien dans une œuvre de Lavilliers.
Et mine de rien, le stéphanois a encore osé poser la langue de Molière sur des rythmes tropicaux, ce qui en fait un véritable pionnier dans le genre.
Cet album varié est particulièrement réussi car il contient une collection de hits imparables. Cette versatilité et cette efficacité m'incitent à dire qu'il est l'un des trois meilleurs de Lavilliers avec le concept album "Pouvoirs" et le synthétique "Nuit d'Amour".
Meilleurs titres : tous
A écouter en priorité : Sertao, Attention Fragile