Que reste-t-il du D.I.T.C. ? Depuis leur unique album en 2000, l'historique crew du Bronx a bien eu du mal à se concentrer pour donner suite à ce classique. Après la mort du populaire Big L rien ne sera plus pareil... Inséparable malgré l'imprévisible destin, toujours solidaire malgré les années passées, les 7 membres restant ont su maintenir la flamme du collectif via albums solos ou plus récemment en sortant quelques archives ("Rare & Unreleased", "Unreleased Production"). Si au jour d'aujourd'hui la tant attendu suite de leurs aventures avec tout le monde réunit semble peu probable pour cause de divergence artistique (voir Fat Joe) ou pour autre emploi du temps personnel, on a tout de même pu se régaler et constater leur forme sur la compilation "The Movement" concocté par le producteur Showbiz avec la participation d'invités et autres affiliés. Fin 2009, c'est au tour de deux autres soldats de débarquer dans les bacs. Le charismatique O.C. et le trop sous estimé A.G. décide de reprendre les choses en main pour hydrater le Hip Hop new-yorkais avec "Oasis: Together Brothers".
Pour réussir, la source de cette "Oasis" ne pouvait inévitablement que prendre ses racines dans la texture musicale qui jouissait dans les 90′s et qui a construit ces deux bêtes au micro. Show est à la prod., Lord Finesse donne aussi de son savoir faire, mais celui qui tire le plus son épingle du jeu c'est le français E-Blaze qui assure 9 compositions dont l'alchimie est idéale. Ses instrus bien travaillés ne sont pas détonantes dans l'allure mais parfume comme il faut les textes goudronnés d'O.C. et A.G. Preuve en est l'excellente pureté qui se dégage d' "Everyday Life" ou du brut "Think About It". On ne va pas s'attarder sur le cas E-Blaze, mais il n'en est pas à son premier essaie avec des artistes US car comme ses acolytes francophones résident sur place (Sebb, Chaze, les Get Large etc...), il côtoie fréquemment l'underground de la Big Apple (Infamous MOBB, Screwball dont le regretté KL, Littles, Smiley the Ghetto Child,....). Parmi ses autres produits il y a la douceur "Reality Is" qui permet un moment de réflexion à A.G ou encore "Contagious" qui laisse cette fois la place à la technique d'O.C.
Vu leur complémentarité au micro on se demande vraiment pourquoi ils n'ont pas plus tôt collaboré ensemble pour un album commun. L'erreur est enfin réparer sur cet "Oasis" terriblement homogène et harmonieux. On aurait préféré voir Dj Premier mais c'est finalement Statik Selektah qui lance l'album avec son style de production habituelle à base de scratch. Une entrée tonitruante qui annonce les hostilités et la forme de leur plume qui enchaîne punchlines sur punchlines tout le long de l'album. La moitié de Gangstarr ne produit malheureusement rien mais se charge en revanche des cuts et des scratchs du single "Two For The Money" produit par Show. L'esprit du D.I.T.C. plane sur ce "Boom Bap" hypnotique et entraînant à la fois. En plus d'un vécu et d'un statut de vétéran qui impose forcément le respect, les deux compères nous rappelle leur authenticité sur "Alpha Males" et "Give It Back" toutes deux produites par le ' funky technician' Lord Finesse.
Certaines pistes sont moins séduisantes, comme "Supreme Squad", mais sont vite rattrapé par d'autres pour compenser cette baisse de régime. Sans véritable titre explosif qui sort du lot, cet album intègre avec une saveur smooth reconquerra le coeur des anciens et de ceux qui avait perdu l'espoir d'entendre les rues de New-York parler avec autant de sincérité.