Le groupe originaire de Seattle n’aura jamais fait dans la finesse ou dans la joie de vivre. En effet, Great Falls a toujours su dépeindre des événements tristes et obscurs. Les adjectifs qui viennent à l’esprit lorsqu’on écoute la musique de Great Falls sont souvent issus d’un champ lexical assez nébuleux : oppression, lourdeur, démence.
“Dragged Home Alive” est une terrible entrée en matière, lorsque les premières minutes maussades et angoissantes laissent place à un déluge de puissance et de rage. Les riffs sont acérés, les rythmiques cataclysmiques, renforçant notre sentiment d’inconfort. Car oui, la musique de Great Fall est sombre, dérangeante, voire morbide, mais c’est aussi ça qui la rend fascinante.
“Trap Feeding” nous oppresse, nous bouscule, l’atmosphère y est irrespirable, les riffs d’une lourdeur absolue accentuent la dissonance ambiante. Un titre très dur, qu’il faudra apprendre à encaisser, car ce que nous réserve la suite d’ “Objects Without Pain” sera du même acabit.
Une longue et accablante marche vers la solitude s’amorce donc, « Old Words Worn Thin » entame encore un peu plus notre faculté d’encaisser les coups et déverse un océan de dissonance.
Rarement, l’écoute d’un disque n’aura été aussi physique. C’est simple, on s’en prend plein la gueule, entre les riffs d’une lourdeur incroyable, le chant désespéré de Demian Johnston d’une efficacité incroyable et le chaos ambiant, tous nos sens sont aux abois.
Une fois pris dans ce maelström apocalyptique, il ne reste plus qu’une chose à faire, se laisser glisser. Et pour être honnête, c’est loin d’être désagréable, Car on ressent rapidement une forme de fascination face aux compositions et à la production de cet album. On se demande ce que le prochain morceau nous réserve, et la réponse est souvent la même : une baffe.
“Objects Without Pain” est une ascension constante dans l’oppression. Que ce soit physiquement ou psychologiquement, on en prend plein la figure. On atteint le paroxysme avec le titre “Thrown Against The Waves” et ses 12 minutes qui clôturent l’album. Un titre où les quelques secondes de silence au milieu du titre laisseront place à une détresse absolue, où chaque membre du groupe saura marteler le peu d’espoir qu’il nous reste.
Avec “Objects Without Pain”, Great Falls signe un album maîtrisé, émotionnellement très riche. Un disque qui saura trouver sa place dans notre petit cœur, juste à côté du couteau qui vient de s’y planter.
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