Waterworld
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le 4 sept. 2017
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Après avoir bossé pour les autres (le chant sur Sex and Religion de Steve Vai), produit presque seul un album ayant le douteux honneur de s'écouler à 163 copies en 6 mois (Heavy Like a Really Heavy Thing sous le nom de Strapping Young Lad) et créé un album de punk rock comique avec des amis (Cooked on Phonics sous le nom Punky Brewster), Devin Townsend décide de passer à la vitesse supérieure.
La même année, il reforme d'un coté sa bande de gendres idéaux pour produire l'ultra violent, et acclamé par la critique, City, de l'autre il rappelle John Harder qui l'avait accompagné sur Punky Brewster et le batteur Marty Chapman pour enfin créer l'album qu'il voulait.
Comme un prélude aux troubles bipolaires qu'on lui diagnostiquera peu après, Ocean Machine : Biomech est l'antithèse de City : souvent calme et aérien même s'il n'oublie pas la puissance vocale folle de son leader, il reste loin de la furie de sa contrepartie même dans ses passages les plus énervés, sans pour autant paraître aseptisé.
Souci majeur : aucun label ne veut signer cet album, ne voulant entendre qu'une 2e City.
Qu'à cela ne tienne, le canadien créé son propre label, heavyDevy, et produit son album tout de même (à l'époque sous le nom de Biomech du groupe Ocean Machine. Il est depuis repassé sous le nom de son principal instigateur sous le nom composé Ocean Machine : Biomech).
Et dès le premier riff de la première chanson, aucun doute n'est permis : l'album va être énorme. La voix est au sommet, les instruments aussi, les samples sont utilisés avec justesse et parcimonie.
Et le début de l'album est la face "accessible" de Devin Townsend. Morceaux catchy plutôt courts (Life, Night, Hide Nowhere) qui n'ont pas inondé les radios pour des raisons qui semblent dépasser l'entendement tant ils semblent taillés pour... tout en écrasant l'intégralité de la production FM par leur qualité et la puissance qui s'en dégage. Life et Night sont devenu des étapes quasi incontournables des lives.
Passé Hide Nowhere, l'album se permet une petite pause plus calme et contemplative le temps du minimaliste Sister et du court intermède 3 A.M.
On enchaîne sur deux morceaux plus complexes, mélangeant des parties très différentes sans se départir d'une certaine douceur (le superbe final choral de Voices in the Fan, le motif sonore délicat de Greetings) avant de finalement arriver sur le plat de résistance.
Arrive Regulator, sans hésiter le morceau le plus violent de l'album, qui sonne la charge en décuplant l'énergie entraperçue sur Seventh Wave. Si les deux morceaux précédents avaient des influences prog évidentes, Regulator y ajoute une composante résolument heavy metal d'une puissance rare.
A ce point de l'album, on peu déjà se réjouir d'avoir écouté un disque aussi varié et après tout il ne reste que 4 morceaux et... presque 35 minutes.
Comme beaucoup de fans, je ne peux réellement dissocier les 3 morceaux suivants, qui de toute façon s'enchaînent sans pause.
Funeral / Bastard / Death of Music.
30 minutes de pur génie concentré, 4 approches différentes du métal.
Un morceau lent au riff aérien où Devin Townsend fait jouer sa voix incroyable (Funeral), un morceau d'une lourdeur hallucinante (Bastard Partie 1), le seul véritable passage instrumental de l'album qui ne se transforme pas en une démonstrations vaine et prétentieuse des capacités de notes par seconde du groupe mais est construit avec précision comme un ensemble (Bastard Part 2) et quelque chose de totalement inclassable (The Death of Music).
The Death of Music qui, par sa rythmique obsédante, ses paroles tour à tour susurrées plaintivement, chantées, hurlées, submerge d'émotions comme rarement une œuvre musicale aura su le faire. Les deux derniers qui avaient encore des doutes sur les capacités vocales absolument hors normes de Devin Townsend devront se rendre à l'évidence.
Plébiscité par les fans (qui auront enfin pu l'apprécier en live au Royal Albert Hall puis dans les deux représentations intégrales de l'album en 2017), ce trio de morceaux est dans l'esprit de tous indivisible. Un seul titre étendu sur trois plages, le pinacle
Et si Funeral / Bastard / The Death of Music laisse l'auditeur lessivé, épuisé, l'album n'est pas encore fini.
Une guitare se relance, le ramène à la vie, le temps de Things Beyond Things, petite balade mélancolique qui remet peu de douceur en fin d'album après la déferlante du trio qui vient de s'achever. Et le morceau se termine comme il a commencé, en douceur.... Jusqu'à ce cri perçant, déchiré qui refuse de s'arrêter. La note la plus haute que Devin Townsend est capable de tenir, tenu au volume sonore le plus élevé dont il est capable.
Par la suite, Devin Townsend sortir plusieurs autres excellents albums (Terria, Ziltoid,...). Mais au final, son meilleur restera celui là.
Probablement à jamais.
Update 2019
évidemment quelques mois après cet écrit est sorti Empath. Juste histoire de me donner tort.
C'est bien des fois d'avoir tort.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums de metal et Top 10 Albums
Créée
le 8 nov. 2018
Critique lue 394 fois
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