Qu'attendre d'un nouvel album de Spock's Beard ? Tout ou rien serait-on tenté de répondre. L'an dernier, le plutôt sympathique "Feel Euphoria" nous avait laissé un goût d'inachevé. Ce foutoir expérimental camouflait un deuil flamboyant - une procession funeste et enragée que défrichaient de nouvelles voies à explorer.
Ces notes suspendues comme des questions insolubles trouvent un début de réponse dans ce huitième album, prénommé avec un sens de l'a propos certain "Octane".
Dès l'introït, le groupe déroule sans radoter un passé encombrant - le son bien trempé, parfaitement reconnaissable, au service de compositions surprenantes et volontairement moins progressives.
Des synthés hypnotiques ("The Ballet of the Impact" typiquement magique) nous font entrer dans des orchestrations toujours zélées.
En quête d'une nouvelle grâce, les musiciens redimensionnent leurs contours en alternant des passages brut de décoffrage ("Surfing Down the Avalanche" digne héritier de Led Zeppelin, "NWC" chaotique ou le martelé "The Planet's Hum") et des ballades où le génie mélodique fleure bon les plaines électro-acoustiques ("I Wouldn't Let it Go" à l'ambiance Toto).
Un constat : Nick D'Virgilio a travaillé ses vocalises. Méconnaissable, il nous sert une impressionnante palette gutturale qui lui permet quelques pirouettes enthousiasmantes – flot condensé passant de Robert Plant à Rick Davis !
Dépouillés des scories habituelles, le groupe musicalement lumineux, accouche au passage d'un nouvel hymne romantique avec "There Was a Time" et de pépites bagarreuses imparables sur "Climbing Up That Hill" et "As Long As We Ride".
Le morceau de choix "A Flash Before My Eyes" (sur un gars qui revoit sa vie avant d'être percuté par un camion !) est déconstruite en sept morceaux bien distincts et raccordé avec un fil assez ténu pour perdre notre belle Ariane et le statut de suite épique. Ellipses fulgurantes diront certains, composées de véritables petites perles à l'imaginaire généreux et foisonnant.
Relecture à vocation séminale, "Octane" tourne définitivement la page et relance un groupe kaléidoscopique. Très bien produit, voici une bien belle entreprise, où s'entremêlent sensibilité, invention, musicalité et lyrisme. Une métamorphose payante dont il ne faut pas perdre une miette !
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