On va prendre Hotwax, après tout, tous les morceaux de cet album sont les mêmes. Ça commence par un riff blues, bien gras, blue grass, métallique, qui sent le delta, la guitare slide, ancré dans la terre…et ça vire en deux secondes en beat Hip Hop, avec un gars qui rappe comme un DJ, donc mal, sans groove, avec un flow monocorde. De la lune, tombe un son saturé de guitare électrique. Il tombe à droite AMERICAN vintage. Un son d’harmonica surgit à gauche, ensuite on nous propose un scratch tout ce qu’il y a de plus classique, classique, pour faire effet. Wawap wawwaap… Sschuittt chuit wap…avec des notes qui nous tournent autour comme des balles de ping-pong, le tout mixé avec une boîte à rythme, ou un synthé, ou un clavier analogique, avec un saxophone, et un clavinet, et un chien écrasé, sous une groove box…et cet album peut être vite fatiguant, si on n’aime pas le patchwork et le bordel. Chaque morceau étant construit sur le même principe, sans oublier les nombreux samples pour faire mode. Et les citations pour faire l’artiste culturé à la mode. Comme si il n’y avait pas déjà assez de bruit comme ça…
Passer tout le temps du coq à l’âne, c’est un choix esthétique que je ne cautionne, pas. Ça élimine ipso facto toute prétention mélodique. Et la mélodie dans un album de pop, même « alternatif », c’est important. Autant de claviers et de guitares sans mélodie c’est à se demander à quoi ils servent. Ou alors des mélodies qu’on ne retient pas, dissoutes dans un fatras sonores, coincées dans un collage pop-électro-HipHop-expérimentalo-acoustique. Le bordel à la Frank Zappa, sans l’excuse d’être en 1970, où la folie créative du maître en la matière. Trop disparate pour qu’un morceau sorte du lot. Chaque morceau sert de transition au morceau suivant. Soit le gars qui a fait ça, pense qu’il est un génie, et que son truc va tenir tout seul, soit c’est un mordu de l’expérimentation, qui se contente de ça. Beck s’amuse beaucoup. Moi je m’amuse moins. Un collage au sens propre, il dit Readymade, c’est le titre d’un des morceaux. Moi je dis, cadavre exquis. Le collage facile qu’on va appeler musique alternative. Une succession de rythmes étiquetés, de sonorités, d’instruments collés avec de la super glue, qui donne un résultat aussi bizarre, aussi bizarre que la pochette de l’album est surréaliste. Très belle pochette.
Expérimenter n’est pas nécessairement jouer. Sinon n’importe qui, qui collerait un pattern de dub, sur un riff de mariachis par exemple, se serait un génie. Ou la sensation du mois. Beck me donne plus l’effet d’être la sensation du mois, à oublier le mois prochain. De la musique d’ambiance « alternative », mot très vague. Un peu Hip Hop, un peu de sel, un peu de musique ethnique, quelques poivrons, un peu de boîte à rythme, un peu de bicarbonate de soude, un peu électro, un peu de bave de crapaud, plus un sample de James Brown, ça va épicer le morceau. Et si on rajoutait un son de cithare ? Un cigare ? Un changement de rythme en plein morceau ? Un dérapage contrôlé un peu vain, sur une route sèche et bien droite?
Au dos de l’album il y a marqué : « Je suis un révolutionnaire » ?!:¨ £4 o9£> ? Euh…Ah bon ? !!
Il se prend pour qui ce petit con ?