Après la sortie de leur premier LP en 1980, Songs The Lord Taught Us, enregistré dans la Mecque de la musique populaire US, Memphis, les Cramps sortent l'année suivante Psychedelic Jungle, album du changement serait on tenté d'écrire, sauf que ce dernier se veut avant tout extra-musical... Comme à ses débuts, le duo fondateur, Interior/Ivy, éprouve en effet quelques difficultés à garder une assise stable, et cette fois-ci c'est au guitariste à la mèche blanche (ou blonde peroxydée, les avis sont partagés) Bryan Gregory de quitter le bateau psychobilly juste après l'enregistrement du premier méfait... et le méchu, se sentant peu concerné par le groupe tire ainsi sa révérence, tout en empruntant le van et le matos de la formation... Problème guitaristique résolu très rapidement puisque les Cramps s'adjoignent les services d'un des membres fondateurs du Gun Club et fan des Ramones, Brian Tristan, qui portera désormais le pseudonyme de Kid Congo Powers. Non l'autre problème dont à se soucier miss Ivy Rorschach and co provient avant tout de leur label I.R.S. Records. Entre les royalties et le manque de soutien du label durant les tournées, le clash semble inévitable. Le groupe ne pouvant sortir de nouveaux enregistrements par injonction de la court, il faut attendre 1983 avant de voir apparaitre une trace sur vinyle des créateurs de l'homme-mouche à savoir leur premier live, Smell of Female, signé cette fois-ci sur le label indépendant Big Beat... en attendant enfin un nouveau disque studio en 1986 avec A Date With Elvis. Que de temps perdu et de frustration...
Toujours est-il qu'en 1983, Miles Copeland via son label anglais Illegal Records décide de sortir une compilation intitulé Off the Bone. Vu le contexte historique de l'époque, la légitimité artistique (si ce mot a un quelconque sens) de la dite compilation a toutes les raisons de rendre sceptique le fan de I Was a Teenage Werewolf, et pourtant... En laissant de côté ces considérations éthiques, Off the Bone est tout sauf une compilation bouche-trou comme il est souvent le cas, qui plus est lors d'un différent entre une maison de disque et des artistes. Ainsi, au lieu de publier un florilège inutile des deux premiers LPs des Cramps, Off the Bone regroupe au départ leur premier EP culte de 1979, Gravest Hits, célèbre des initiés pour contenir leur hymne Human Fly. De même, la compilation considérée par certains comme un best of ne regroupe finalement que deux chansons de Songs The Lord Taught Us et trois de Psychedelic Jungle, le reste n'étant que de l'inédit, soit sept chansons, dont une majorité de reprises rockabilly et surf music, soit deux des grandes influences musicales des Cramps, mais à la sauce Cramps, justement.
Et la sauce Cramps alors me demanderez-vous? Un savant mélange de punk épicé au son garage le tout mijoté à partir d'un bouillon de rockabilly et de surf music, de quoi raviver les papilles des amateurs de rock'n'roll normalement. Ainsi, si on devait synthétiser sommairement Off the Bone, celui-ci pourrait très bien avoir comme accroche, the roots of the Cramps. On y retrouve ainsi tout ce que les admirateurs du duo Lux Interior/Poison Ivy aiment, une musique à la fois sale, tordue et sexuée mais aussi passionnée et énergique. Outre l'absence de basse caractérisant le son tranchant des débuts de la formation, ce disque est à considérer avant tout comme un brillant hommage à son chanteur désormais disparu, Lux Interior, à la fois capable de performance au bord de la folie, la fameuse reprise des Trashmen, Surfin' Bird, ou l'incroyable Love Me ou au contraire de ballade post-Elvis bouleversante telle que Lonesome Town voire d'un chant tendu comme un slip sur le classique Fever. Pour l'anecdote, en 1984, Miles Copeland sortit la compilation Bad music for bad people pour le public US, une compilation à l'intérêt inverse...
Un indispensable pour les Cramps addicts et une belle mise en bouche pour ceux qui voudraient les découvrir... BUZZZZZZZZzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2009/10/off-bone-cramps-1983.html