L'histoire pourrait être banale, on a déjà vu le film : des cow-boys tombent de cheval, perdent leur femme, se retrouvent au coin du feu et noient le chagrin dans une gnôle mauvaise. Chez les disquaires, des bacs entiers sont ainsi remplis de larmes mâles, d'Amérique cabossée. Sauf que les Early Day Miners ont nettement mieux à offrir qu'une guitare sèche et une voix éraflée pour mettre en scène leurs tourments : leur arme fatale s'appelle Daniel Burton, âme et producteur du groupe, responsable, pour lui ou pour les autres (Songs: Ohia, Windsor For The Derby ) d'un sombre et menaçant mur du son, une merveille géométrique et électrifiée, aux angles cagneux. Patient maçon, il en a importé les briques d'Angleterre (My Bloody Valentine ou Cocteau Twins) comme des recoins les plus sauvageons du Texas (I Love You But I ve Chosen Darkness, Lift To Experience). Mélangeant dans un mortier agité aussi bien des pluies de cordes que des grondements rythmiques, des incantations exaltées que de longs et inquiétants silences, ce disciple de Daniel Lanois a bâti sur Offshore un palais de poète fou, une forteresse gothique au beau milieu du Midwest. On doit le visiter, on peut s'y perdre.(Inrocks)
En six titres et pas moins de quinze musiciens, Early Day Miners raccroche au peloton des artilleurs de haute volée emmené par Mogwai et consorts. Que de chemins parcourus par Daniel Burton pour finalement sillonner ce merveilleux Land Of Pale Saints dont on ne ressort pas indemne. Neuf minutes durant, Early Day Miners y tutoie les anges avec une grâce qu'on ne lui connaissait pas. Montée en puissance saisissante, cette ballade au pays des esprits en marquera plus d'un ! Essentiellement atmosphérique, le reste de l'album propose ensuite une longue variation, souvent instrumentale, découpée en quatre chapitres-chansons : rêveries musicales inspirées, Deserter, Sans Revival, Return Of The Native et Silent Tents apportent un peu de couleurs et de vie à une discographie qui en manquait parfois. Pour clore le débat en beauté, Hymn Beneath The Palisades module le thème principal de Land Of The Pale Saints comme le faisait jadis Robert Wyatt sur Rock Bottom. Enregistré dans l'Indiana puis finalisé aux studios Soma par John McEntire, le symétrique Offshore s'accordera à merveille aux premiers frimas de l'automne. (Magic)
L'an dernier, Daniel Burton et ses hommes nous rendaient une copie quasiment parfaite avec "All Harm Ends Here" marquant l'aboutissement d'une quête musicale forgée en trois albums. A peine un an et demi plus tard, "Offshore" ajoute une nouvelle pierre à l'édifice toujours austère et habité de ces Américains décidément bien à rebours des modes. Puisant sa matière dans les sessions de "Let Us Garlands Bring" (2001), ce disque regarde sans vergogne dans le rétro sans qu'on puisse parler pour autant de nostalgie ou de crise d'inspiration. Toujours entouré d'un line-up impeccable (les fidèles Joseph Brumley, Jonathan Richardson et Mat Griffin), Burton a su tirer parti du talent de ses nouveaux invités : les guitares tourbillonnantes de Dan Matz (Windsor for the Derby) et le chant envoûtant de Amber Webber (Black Mountain) éclairant d'un halo sensible l'odyssée brumeuse dans laquelle l'auditeur glisse lentement, sans parler du travail d'orfèvre de John McEntire (Tortoise) au mixage et à la production. Soit une fine équipe venue seconder le maître ès spleens dans ses lavis de ciels lourds parsemés d'éclaircies. D'un abord assez sombre, "Offshore" porte à des sommets la mélancolie sans que celle-ci ne puisse jamais être taxée de maniérisme. Au contraire, dès la seconde écoute, la beauté un peu grave du disque révèle une sorte de paix intérieure radieuse et méditative. Comme des vigies postées dans le brouillard, les voix appellent et nous attirent vers les récifs familiers d'un Brian Eno ou d'un David Sylvian ("Deserter" et surtout le très beau morceau d'après orage "Return of the Native"). Concentrant les parties vocales au maximum, Burton choisit de les enrober au creux de longues envolées instrumentales qui inaugurent et bouclent l'album dans des sortes de mini-apothéoses à répétition. Mention spéciale au titre inaugural "Land of Pale Saints", long de neuf minutes, qui démarre sur un mur de guitares touffues avant de muer en cordes virevoltantes comme si Arvo Pärt avait tenu lui-même à terminer la partition. L'absence de transition renforce le côté "grand large" de ce post-rock sépulcral qui, décidément, préfère la haute-mer au cabotage. Impressionnant de maîtrise et de grâce, Offshore rappelle à bien des égards l'esprit tourmenté de Songs:Ohia ou de Yann Encre. Qui s'en plaindra ? (Popnews)
Early Day Miners étaient bien au rendez-vous. Deux ans après un « All Harm Ends Here » qui, il faut bien l’admettre, n’est pas leur sortie la plus convaincante, Daniel Burton nous revient avec un disque assez particulier, mi-nouvel album, mi-exercice de style.« Offshore » est en effet, pour les amateurs du groupe, un morceau de l’album « Let Us Garlands Bring », sorti en 2001, également chez Secretly Canadian. Ce petit détail a son importance puisque comme son nom l’indique, ce nouveau disque se concentre principalement sur ce titre, qui pour l’occasion fut agrémenté, achalandé, étiré, remodelé, réagencé. Pour ce faire, la tête pensante d’Early Day Miners a su bien s’entourer, puisqu’en plus de ses acolytes habituels interviennent Amber Webber (Black Mountain) au chant, Dan Matz (Windsor For The Derby) à la guitare, Jonathan Ford (Unwed Sailor) à la basse, et John Mc Entire (Tortoise) à la production.Tout ce beau monde ne déçoit pas, tout au long d’un disque savamment construit, ou les morceaux s’enchainent presque imperceptiblement. La voix fait son apparition de bien belle manière au second titre, après les neufs minutes d’introduction que constitue un Land of Pale Saints très shoegazing. Sans Revival se faufile jusqu’à nous et déploie pour notre plus grand plaisir de superbes mélodies, dignes du meilleur Early Day Miners.Return of the Natives voit Amber Webber reprendre le chant du Offshore original avec beaucoup de charme, avant de nous faire glisser vers un Silent Tents qui introduira ce qu’il conviendra d’appeler le thème d’Offshore, riff final du morceau de 2001. Ce thème ne sera ici qu’effleuré, caressé avec la subtilité que l’on connait au groupe, avant de se poser tout aussi délicatement sur de belles nappes de guitare… Tempête finale de neuf minutes, Hymn Beneath the Palisades développera ce thème, le déployant toutes guitares dehors comme le faisait le morceau original, avant de clôturer ce nouvel opus.Plus que de faire l’inventaire du contenu de ce disque, il s’agit ici de souligner qu’ « Offshore », à qui l’on pourrait être tenté de reprocher quelques redondances (surtout pour qui connait l’original, ou le thème est déjà bien étiré, pour ne pas dire essoré), est surtout un disque extrêmement bien agencé et calibré, d’une beauté indéniable. Intéressant pour les fans, parfait pour ceux qui souhaitent découvrir le groupe, « Offshore » contient l’essence du projet Early Day Miners et de son savoureux mélange slow-core / post-rock. (indiepoprock)