1982.
Devo vient de terminer sa tournée New Traditionalists tout autour du monde. Après avoir fait les fous sur des tapis roulant pendant quasiment un an durant leur concerts, le groupe rentre aux Etats-Unis où il se repose un peu et recommence à composer.
Cette fois pas de thème à proprement parler pour l'album. Cependant, avec l'arrivée massive de synthétiseur pour l'album précédent, le groupe mené par Jerry Casale et Mark Mothersbaugh ne pouvait que s'intéresser encore plus amplement dans le tout synthétique. L'autre raison du passage au synthé que j'avais déjà évoqué dans la chronique de New Tra concernait le feu Bob Casale qui a l'époque était au prises avec la drogue. *Oh No ! It's Devo !*sera donc un défouloir à synthé qui verra tout de même naitre quelques pièces maitresses dans la discographie Devo.
Afin de garder un visuel amusant et aguicheur, le groupe s'amuse cette fois à porter des combinaisons entièrement noires avec des épaulettes blanches. Sur la pochettes, le groupe est représenté par les cinq têtes des membres posées sur des pommes de terres géantes. L'image restera et permettra de donner un nouveau surnom au groupe, les "Hot Potatoes"...
Sur le disque en lui même, on retrouve des chansons similaires dans le fond a celles de Freedom of Choice, mais avec un son nettement plus synthétique. Il faut croire que le Computer World de Kraftwerk est passé par là car à cette période, beaucoup de groupes ont commencés a sérieusement triturer des synthétiseurs (au hasard, les B-52's avec l'album Whammy!, New Order avec "Blue Monday" etc...).
En tout donc, onze pistes de synth-pop fidèles à Devo.
Avec comme d'habitude une intro d'enfer sur "Time Out For Fun". Viennent ensuite les dansants "Peek-A-Boo" et "Out of Sync", le premier étant le gros single de l'époque que le groupe joue encore de temps en temps de nos jours (chanson ayant pour thème la surveillance et autres Big Brother), et le second un morceau amusant sur les problèmes féminins... L'humour de Devo quoi.
S'enchainent ensuite de morceaux plus ou moins bons. Dans le lot, on retient les excellents "That's Good", "Big Mess" et "Speed Racer", les plutôt bons "Patterns", "Explosions" et "Deep Sleep" et les moins bons "What I Must" et "I Desire". Ce dernier morceau, comme je l'ai appris tout récemment a en fait été inspiré de poèmes qu'un détraqué mental avait envoyé a Judie Foster. En fan de Taxi Driver ce même détraqué (un certain John Hinckley Jr.) a tenté par la suite d'assassiner au 22 Long Rifle le président Reagan. Dans tous les cas, le FBI s'est ensuite intéressé aux affaires de Devo car les musiciens avaient crédités (par humour ?) le malade pour les paroles, et évidemment toute cette affaire est restée sans suites.
Au final, cet album de Devo reste l'un des moins aimés des fans et de la critique alors qu'il propose nombre de morceaux musicalement parfaits et amusants. C'est selon moi l'album de new-wave synthop parfait. Moins critique que les albums précédents, les paroles et la musique ne s'en trouvent pas édulcorée pour autant. L'humour Devo est toujours bien présent ça et là et empêche l'auditeur de s'ennuyer. Il faut également remarquer que cet album connait un important nombre de démos non retenues pour l'album final. Ces démos étaient reléguées au rang de Bsides sur les singles et sont maintenant retrouvables sur la compilation Recombo DNA. Un morceau génial comme "Modern Life" aurait aisément pu figurer sur l'album a la place de "What I Must Do" par exemple qui sonne lui répétitif et lassant.
En tournée fin 1982 et début 1983, le groupe était accompagné d'un écran géant a la Kraftwerk derrière eux afin de pouvoir diffuser leurs clips complétements barrés synchro avec la musique (ce qui cause parfois quelques problèmes, comme on le voit dans la retransmission du concert 3-Devo diffusé en live à la télévision américaine pour Halloween 82) et mieux prouver aux spectateurs que la "dévolution est réelle". Quelques bootlegs audio (dont je recommande l'excellent enregistrement de Boston, dispo sur youtube) et vidéos existent et permettent de dire que la période 1981/83 était sûrement la meilleure pour voir Devo en live.
Duty Now, spuds !