Jolie découverte
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le 20 déc. 2018
De la musique, que retenir. C'est un langage, un langage sur lequel il est difficile de mettre des mots, de justifier une appréciation.
C'est - pour reprendre grosso modo les mots de Pol qui le dit fort bien - "un langage sans aucun sens, en prise directe avec l'Être ..."
Cette phrase est quelque peu tirée du contexte de sa critique ; l'auteur m'en excusera, je l'espère. Reste qu'elle a particulièrement éclairé une petite expérience que j'ai eu avec l'album Oh Wonder du groupe éponyme.
Moment anecdote.
Petit voyage en voiture avec les copains, direction le fin fond de la Bretagne. Le temps est gris, la couverture nuageuse percée en de rares endroits laisse entrevoir un coin de ciel bleu. Un temps Breton, somme toute.
J'ai la chance de ne pas conduire, chance rare ces derniers temps. Trois heures de route en vue, la discussion va bon train, entre évocations, souvenirs, blagounettes bas du front.
Puis, lorsqu'on est entre amis proches et se connaissant bien, arrive un temps de pause, passé l'euphorie de la retrouvaille. Pas dérangeant, plutôt apaisé, comme une lente extinction de la conversation laissant place à un silence naturel.
J'ai dans mon Ipod fraîchement retrouvé l'album Oh Wonder et une furieuse envie de m'appuyer à la fenêtre et de regarder défiler le paysage. Je lance l'album par le milieu et résonne les premiers accords vifs de Midnight Moon. Arrivé à la fin, Plan m'emporte par sa douceur et la beauté cristalline de la voix de Josephine Vander Gucht soutenue discrètement par celle d'Anthony West. Souvent le masculin s'efface, se mêle discrètement et assure une belle harmonie. La voix de West est plus présente dans certains titres l'excellent Dazzle.
Je rejoue l'album en entier, encore, encore, encore. Livewire ouvre en beauté, Body Gold envoûte ...
Le temps défile, je ne le vois pas.
Tournant principalement autour de la relation amoureuse, de la passion à la déception, Oh Wonder traite son sujet avec une délicatesse évanescente et une douceur angélique. Entre solitude froide et communion éclatante des âmes, on s'apaise, rasséréné.
Beat délicat, une fragilité teintée d'une tristesse douce-amère enveloppe l'album. Chaque titre évoque cette recherche quotidienne d'un bonheur ténu, tenant à rien et représentant tout.
En parfait adéquation avec leurs thématiques, les artistes prennent le temps, jamais effrayés par un silence. Quelques notes de piano, de synthé, pause ... la voix s'élève.
All we do est à ce titre une belle réussite.
L'ensemble de l'album m'a transporté durant le reste du trajet, confinant mon être dans un petit cocon hors du temps et de l'espace de la voiture. Rien n'existait sauf la musique et ce paysage défilant, ensemble flou entre gris monotone et trouée bleutée. Avec les heures vint la nuit, les étoiles et la musique se sont accordées, s'invitant au bal des voitures dépassées et dépassant.
Finalement, il ne resta plus que la fenêtre et moi.
Moi, touché par la douce mélancolie se dégageant de l'album, complètement happé par les sonorités lancinantes, ballotté par les explosions soudaines qui parsèment album ou morceaux.
On en ressort apaisé, tranquille, les yeux dans le vague et le vague à l'âme.
Un album qui colle le spleen tout en douceur. C'est important, c'est beau et je ne peux l'analyser froidement. D'autres ne seront pas séduits, sûrement.
Moi je le suis.
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Créée
le 19 nov. 2015
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1 commentaire
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