Version originale :


Lynyrd Skynyrd ne s'arrêtant jamais vraiment à l'époque, ils repartent vite en tournée pour la promotion de l'excellent Gimme Back My Bullets. Pourtant, il y a une problématique importante à ce moment-là, ils ont enregistré l'album avec un guitariste en moins, Ed King ayant quitté le groupe durant la tournée précédente, et ils doivent en trouver un nouveau.


Lynyrd Skynyrd Featuring Leslie West


Les premières pistes ne donnent pas grand chose mais révèlent une anecdote plutôt marrante, Leslie West, le guitariste de Mountain, un temps envisagé, avait un tel égo, qu'il souhaitait que le groupe soit renommé Lynyrd Skynyrd Featuring Leslie West.
Ce fut sans suite.


Gimme Back My Bullets marqua l'arrivé de choristes (The Honkettes) avec le groupe, l'une d'elle, Cassie Gaines, proposa alors son jeune frère Steve pour être le troisième guitariste. Venant d'abord jouer un titre avec eux durant un concert le 11 Mai 1976 (T for Texas, reprise de Jimmie Rodgers) il prit sa chance grâce à un solo slide qui impressionna Allen Collins et Gary Rossington. Il attendra deux semaines chez lui, au bout desquelles il reçut l'appel de Ronny Van Zant qui lui demanda s'il était libre pour un concert, le 31 mai 1976, date à partir de laquelle il devint membre des Lynyrd Skynyrd.


Il a donc peu de temps pour se préparer, car One More From the Road sera enregistré durant trois concerts donnés du 7 au 9 Juillet à Atlanta, au Fabulous Fox Theatre. Tout semble réuni pour faire un album mythique, comme le fait que ce soit une salle réputée pour son excellente acoustique ou sa petite taille, pour mieux que l'on ressente les liens entre le groupe et le public. Ces éléments ne suffisant évidemment pas pour expliquer et comprendre à quel point cet album est fantastique et renversant.


Toute analyse devient vaine, il suffit de lancer l'album et de se laisser emporter par ce fabuleux groupe, par ses trois brillants guitaristes survoltés qui se répondent tout du long, par un Artimus Pyle qui frappe sa batterie comme personne ou Van Zant qui chante génialement de parfaites compositions. Certes, ça fait beaucoup de superlatifs mais difficile de faire autrement lorsque l'on est face à un tel monument, surtout que la qualité sonore est effectivement au rendez-vous.


De l'introduction suivie par l'habituelle ouverture de concert Workin' For MCA jusqu'à l'éprouvant et immense Free Bird et ses diaboliques solos suivant une ode à la vraie liberté, il n'y a que des pépites. Certes grand groupe studio, Lynyrd Skynyrd savait se muter en monstre scénique, chacun des membres avait un vrai sens de l'improvisation combinée à un talent fou et l'apogée de leur créativité. Le groupe joue en parfaite osmose, ils se connaissent par cœur, et le nouveau venu Steve Gaines donne déjà l'impression d'être avec le groupe depuis des années.


I Forget the Song


L'atmosphère sudiste des albums studios laissent place à une énergie de folie, bien aidée par Ronnie Van Zant, en grande forme (on sent aussi que l'alcool devait couler à flot, avant et pendant les concerts!), tant dans sa voix que ce qu'il dit avant ou pendant les chansons, n'hésitant pas à lancer des conneries. On remarquera notamment qu'il doit attendre que les choristes lui soufflent quelle chanson il doit lancer alors qu'il venait de l'évoquer (la géniale Whiskey Rock-A-Roller) ou évoquant these good people in Alabama avant d'en remettre une couche sur Neil Young durant Sweet Home Alabama.


Down to the Crossroads


Sur les 14 titres inoubliables, Lynyrd Skynyrd joue trois reprises, Call me the Breeze de J.J. Cale que l'on trouvait sur l'album Second Helping et deux inédites, Crossroads de Robert Johnson et la patriotique T For Texas de Jimmie Rodgers. Proche de la version qu'ils jouent en studio, la reprise de J.J. Cale permet d'admirer les batailles entre la guitare de Collins et le piano de Billy Powell. Crossroads est joué façon Cream, donc c'est immense, surtout que, encore une fois, les guitarises se font plaisir, choses qu'ils font à nouveau sur T For Texas mais en particulier Steve Gaines et en compagnie de Billy Powell et Leon Wilkeson à la basse.


Ce dernier met tout le monde d'accord dès l'introduction de la sudiste Travellin' Man, géniale chanson inédite qu'il a lui même composée. Même les titres les moins réputés sont ici transcendés, comme Searching et The Needle And the Spoon et ses superbes effets Wah-wah. Ils ne se lassent visiblement pas de jouer encore et toujours la superbe I Ain’t The One (ce solo là aussi !), ainsi que Gimme Three Steps, qui permet à Ronnie d'à nouveau assurer niveau discussion avec le public, et Saturday Night Special, superbe chanson aux teintes clairement hard rock et contre les flingues.


Won't you fly high, free bird


Enfin, difficile d'évoquer le groupe sans mentionner les monuments qui ont fait sa renommée. Tuesday's Gone est toujours aussi magnifique et émouvante, Billy Powell faisant des merveilles tandis que l'invité Sam McPherson remplace superbement le violon par une subtile partition d'harmonica. Comme toujours Sweet Home Alabama est mémorable, tant pour ses paroles, son riff ou les solos qui traversent cette version assez fidèle à l'originale (sur d'autres enregistrements bootleg ils l'ont parfois joué plus rapidement et/ou avec plus d'énergie). Enfin l'apothéose Free Bird, demandée par le public juste après Crossroads, les claviers sont d'abord magnifiques, Van Zant chante sublimement cette ode à la liberté et en hommage à Duane Allman, puis les envolées des guitaristes, Allen Collins en tête, sont d'une rare intensité, 14 minutes d'extase.


Alors, One More From the Road fait partie de ces albums qui, avec le temps, ont eu plusieurs éditions, changeant ainsi le nombre de morceaux. Mon papier évoque uniquement la version originale (14 titres), sortie à l'époque. La version CD comporte deux titres de moins (question de place) avant d'en avoir deux de plus, soit la setlist complète, avec en plus de superbes versions de Gimme Back My Bullets et Simple Man. Enfin, une version deluxe verra le jour, avec 8 titres en plus, 8 titres déjà présents dans l'album initial mais joués durant un autre concert capté durant ces trois jours. Si on est fan, c'est un luxe que l'on ne se refuse pas !


Capable de se transcender en concert, Lynyrd Skynyrd le montre avec One More From the Road, un album totalement fou où le groupe sublime ses chansons, dynamite des reprises et nous emmène avec eux dans un enfer électrique et alcoolisé. Jouant avec une grande osmose alors que chaque membre se lancera dans des solos endiablés ou de grandes envolées, le tout avec un Ronnie Van Zant maîtrisant le public, ils brûlent les planches et nous donne l'impression d'être avec eux dans un bar de l'Alabama ou du Tennessee avec du whisky coulant à flot.


Face A :


Workin' For M.C.A.
I Ain't The One
Searching
Tuesday's Gone


Face B :


Saturday Night Special
Travellin' Man
Whiskey Rock-A-Roller
Sweet Home Alabama


Face C :


Gimme Three Steps
Call Me The Breeze
T For Texas


Face D :


The Needle And The Spoon
Crossroads
Free Bird

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le 27 nov. 2020

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Docteur_Jivago

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