Peu de thèmes, c’est ce qui frappe d’emblée, de la spontanéité qui fait tout un charme et de grosses basses concoctées par Therapy Music, Or Noir annonce déjà la couleur, "or" pour le côté brut, valeureux, et "noir" pour l'aspect sombre et mélancolique.
Kaaris nous met d'accord d'entrée de jeu sur « Bizon » avec un flow surpuissant et des rimes tranchantes, il termine en beauté par « Je suis capable du meilleur comme du pire, et c’est dans le pire que je suis le meilleur », il n'y a pas de meilleures termes pour définir le rappeur de Sevran. Avec « Zoo », morceau écrit à l'arrache mais désormais incontournable, Kaaris nous offre un florilège d'images crues sur chaque lines. « Ciroc » et « Mbm » sont plutôt moyens, ce sont les morceaux que j'ai le moins aimé, j'ai trouvé ça faible sur tous les plans et en dessous de ce que Kaaris est capable de faire. Heureusement que le morceau suivant rattrape le coup, Kaaris nous emmène sur une autre planète, la planète « Binks » peuplées de rimes acerbes et remplies d’énergie avec notamment une line tout simplement exceptionnelle, un petit bijou : « J'ai vu mon sang rouge sur la jolie fleur blanche du coton / C'est pour ça qu'ma grosse queue fracasse les parois de leur colon. »
En revanche, j'ai moins aimé « Je Bibi » mais « Bouchon de Liège » est selon moi la "tuerie" de l'album avec de grosses punchlines : « Je suis au départ de la fusée Ariane, ça t’étonne grosse bouffonne / Je crame le gros cul de Marianne, c’est pour ça que ça sent le bacon », « Vingt mille lieues toute l’année, ma bite dans ton cul fait de l’apnée ». Que dire de « Paradis ou Enfer » qui est l'un des morceaux les plus profond de l’album, on y constate une vision réaliste du monde qui entour le rappeur, une écriture plus poussée que d'habitude mise en valeurs par des images brillantes : « Les larmes sont le sang de l’âme » avec des phrases métaphoriques : « Un jour, je sécherai les larmes et les torrents, les rivières derrière la fenêtre de mes yeux » ou encore d'autres réflexions comme « Depuis la cours au couloir, j’ai du courir pour tout avoir / Je sais que le pourvoir de l’amour n’est rien face à l’amour du pouvoir » en passant par une référence au célèbre film Scarface : « Plutôt que d’avoir un grand cœur, je préfère avoir un grand palace car tu prends ta race le jour où les balles sortent du Famas avec rancœur. ». Dans « L.E.F. » Kaaris et Booba se retrouve encore une fois pour unir leurs forces sur ce titre symbolique (Liberté, Egalité, Faudra m'indiquer) remplit d'images frappantes dont celle-ci : « J'crois qu'j'ai assez d'amour dans l'coeur pour vous faire la guerre / J'crois qu'y'a même pas assez d'sang dans vos veines pour remplir mon verre / Je vais venir j'vais voir j'vais vaincre, en dépit de votre aide / Construire mon empire avec les débris du world trade ». Après « les singes viennent de sortir du zoo », K2a revient en force avec un nouveau gimmick sur « Dès le Départ » avec le mythique « J’suis dans la cuisine, tu bouffes c’que j’te prépare ! », un titre vraiment faible en terme d’écriture mais qui puise dans une énergie incroyable dans le même cas que « Pas de Remède » où Kaaris s'essaie à l'auto-tune avec un rythme entrainant, le rappeur a pris un risque mais j'ai trouvé ça très réussit. « 63 » mais aussi « Tu Me Connais » ne sont pas mauvais mais il n'y a rien d’attrayant sur ces morceaux, j'ai retenu une phase du rappeur qu'il balance d’entrée de jeu : « Je descends de la navette, je marche sur des débris lunaires / Je vais faire trembler toutes leur shnecks, sur l’échelle de Richter. » Mention spéciale pour la chanson éponyme « Or Noir », perle rare de l'album qui s'oppose et se distingue par rapport à la brutalité de l'album et qui, d’un point de vue lyricale, est bien entendu au dessus du lot notamment au premier couplet lorsque K double A s’adresse à sa mère d’une manière très profonde : « Je suis le fruits de tes entrailles, je témoigne sur un champs de ruines / Comme un épouvantail qui éloigne les anges du dîn » et il termine ce magnifique morceau, la cerise sur le gâteau : « Et je ne sais faire que le bandit, à des années lumières de Gandhi / Je suis né dans ma sphère tandis / Que l’univers grandit / J’écrase tous les remparts / Sombre est ma vérité sans fard / Du rap français je m’empare / 93 est sur l’étendard. »
En conclusion, l'univers trap est très bien exploité avec des prod assez bonnes, l'album est homogène (voire même trop homogène, tout paraît se ressembler), la plume de Kaaris est certes simpliste et moins intéressante que sur sa mixtape Z.E.R.O. mais on est jamais à l'abri de belle surprises ("Or Noir", "Paradis ou Enfer", "L.E.F.") et l'album est tout de même une mine d'or en terme d'images et de punchlines.
« Et j'suis fait d'or noir comme le pétrole
les lumières de la ville sont mes lucioles. »
Lyrics : 4/5
Beats 4,5/5
Flow : 3,5/5
Thèmes : 2/5
Construction : 3,5/5
Homogénéité : 4,5/5
1. Bizon - ★★★★☆
2. Zoo - ★★★★★
3. Ciroc - ★★★☆☆
4. Mbm - ★★☆☆☆
5. Binks - ★★★★☆
6. Je Bibi - ★★★☆☆
7. Bouchon de Liege - ★★★★★
8. Paradis ou Enfer - ★★★★★
9. L.E.F - ★★★★★
10. Des le Depart - ★★★★☆
11. Pas de Remède - ★★★★★
12. 63 - ★★★☆☆
13. Bebe - ★★★☆☆
14. Plus Rien - ★★★☆☆
15. Or Noir - ★★★★★
16. Tu Me Connais - ★★★☆☆
17. 2 et Demi - ★★★☆☆