La Warner réclamant 4 albums pour terminer son contrat avec Frank Zappa, reçut des bandes et un projet de coffret qu'il avait nommé "Läther", mais comme ce coffret devait comporter quatre vinyles, la Warner estima que c'était commercialement suicidaire. Plutôt que de renégocier, elle utilisa purement et simplement les bandes reçues en en extrayant des morceaux pour former 4 albums indépendants. Pour deux d'entre eux, le choix fût facile, le premier disque qui sortira, "Zappa in New York", comportera que des morceaux de ces concerts du mois de décembre 1976 au Palladium de New York, tandis que le second, "Orchestral Favorites" ne comportera que des morceaux des concerts qui eurent lieu au mois de septembre 1975 avec le Abnuceals Emuukha Electric Symphony Orchestra au Royce Hall, UCLA de Los Angeles. Pour les deux autres, c'est une autre histoire, que je vous relate un peu plus en détail dans les critiques de ces deux albums, sachez simplement que pour "Sleep Dirt", ils choisirent certains morceaux, tandis que pour "Studio Tan", ils regroupèrent les morceaux restant, donc sans faire de réel choix.
Il faut aussi savoir qu'il y eut une première version de l'album intitulée "Six Things" qui a été gravée en tant que disque de démonstration en acétate en avril 1976. Elle comprenait "Regyptian Strut" et "Music for Guitar & Low Budget Orchestra" qui ne furent pas sélectionnés pour l'album, mais figureront respectivement sur "Sleep Dirt" et "Studio Tan".
En ce qui concerne "Orchestral Favorites", il y a plusieurs choses à dire : d'abord, la Warner a sélectionné deux morceaux ("Strictly Genteel" et "Bogus Pomp") qui ne figuraient pas sur le projet Läther, de plus, ces deux morceaux qui sont des réarrangements orchestraux de "Strictly Genteel" et "Sealed Tuna Sandwich" parus sur l'album "200 Motels" en 1972, figurent de manière inversée sur "Orchestral Favorites". En effet, alors que "Strictly Genteel" terminait "200 Motels", il figure ici au début, la mêm chose pour "Bogus Pomp" qui termine ici l'album alors qu'il figurait au début de "200 Motels".
A propos de "Strictly Genteel", la version orchestrale est ici allégée des choeurs et voix diverses qui figuraient sur la version "200 Motels", proposant ainsi une somptueuse composition, plus élaborée où un harmonica vient apaiser l'ensemble.
Le morceau suivant (Pedro's Dowry) est une belle composition où se mélangent les influences d' Igor Stravinsky et d'Edgard Varèse. Tandis que le court morceau (Naval Aviation in Art ?), intriguant, nous mets sous tension avant de nous projeter vers "Duke of Prunes", réarrangé de manière splendide, sorte de mouvement de concerto pour guitare électrique et orchestre.
Le final, long de 13'30", "Bogus Pomp" est un peu laborieux, tout comme l'était par moments le "Sealed Tuna Sandwich" sur "200 Motels, mais alors que la mélodie était intéressante sur cet album, elle est ici à peine exploitée.
Au bout du compte, ce que l'on retient de cet album, c'est qu'il comporte une musique bien structurée, nerveuse, légèrement dissonante et complexe, mais dont il manque le côté épique, l'ensemble étant un peu léger pour constituer un album cohérent.