Eluveitie- "Origins" (2014)
Au terme de cet album, certains ont nommé Eluveitie la "New Wave of Folk Metal". J'aurais plutôt tendance à dire la "New Wave of Eluveitie". En effet, déjà avec "Everything remains...", le groupe...
le 2 févr. 2018
Au terme de cet album, certains ont nommé Eluveitie la "New Wave of Folk Metal". J'aurais plutôt tendance à dire la "New Wave of Eluveitie". En effet, déjà avec "Everything remains...", le groupe cherchait à se renouveler, essayer de nouvelles choses. En résulte un album un peu différent des précédents avec de nouveau riffs, une énergie plus ardente et des guitares plus présentes. Pourquoi pas, l'ensemble n'en est pas moins correct. Quand vient "Helvetios", c'est le drame. Eluveitie perd une partie de son public, horrifié par une telle radicalité dans le changement. Le ton général n'est plus le même et le groupe veut partir dans une autre direction artistique. Avec "Origins" on aurait pu s'attendre, comme son titre l'indique, à un retour aux racines "Slania", mais il semblerait que ce ne se soit que la continuité de "Helvetios", au grand daim de beaucoup. Depuis 2011-2012, Eluveitie adopte une nouvelle manière de composer et d'aborder leur musique, et elle ne plait pas à tout le monde.
Ca partait bien pourtant. Une petite intro tout ce qu'il y a de plus Folk. La flûte est naturelle, les notes simples et efficaces, le rythme donné par la batterie et les guitares l'accompagne avec fluidité et légèreté. On se croirait revenu au temps de "Slania".
Et bien non, "The Nameless" vient briser cette harmonie. La batterie pilonne grossièrement et les guitares sont mollassonnes, leur tonalité ne décolle pas et la voix extrêmement rocailleuse et fatiguée de Chrigel fait penser à un camionneur en fin de vie. On sent ses cordes vocales hésitantes, à moins que ce ne soit le mixage paresseux qui donne au morceau une apathie maladive.
Ce mixage qui créé une bouillie de sons cacophoniques est une des grandes faiblesses de cet album. On a l'impression que la composition est hasardeuse, que chaque membre du groupe fait ce que bon lui semble sans chercher une cohérence particulière. La flûte et la cornemuse ponctuent de temps à autre la linéarité du morceau, sans dessein particulier. Il n'est plus question de nous embarquer dans un road-trip à travers la Gaule ancienne, couverte de forêts épaisses et verdoyantes. Eluveitie a décidé de changer, mais est-ce bien là le signe d'un groupe en bonne santé lorsque tout ce qui faisait le sel de sa musique, les instruments folkloriques tels que la harpe, la mandoline, la cornemuse, la flûte et la vielle à roue, se retrouvent relégués au rang de sonorités devenues obligatoires pour caractériser la musique comme étant du Folk Metal ?
Tous les morceaux de ressemblent, avec la même structure encore et encore. La flûte, le violon ou la cornemuse démarrent la musique, le trio infernal batterie/guitare/chant s'impose soudainement dans un brouhaha vomitif auquel viennent s'ajouter les instruments folkloriques histoire de faire entendre le côté Folk. La flûte ou le violon joue le solo aux deux-tiers du morceau et le chorus revient jusqu'à la fin. Le tout saupoudré d'un Chrigel qui désire tellement être le point central de la composition qu'il en devient pénible de l'entendre. C'est d'ailleurs les titres dans lesquels il chante le moins qui sont les plus reposants. Lorsqu'on en vient à vouloir enlever le chanteur principal pour profiter au mieux de la musique, ce n'est pas bon signe.
"The Nameless", "From Darkness", "Celtos" et "Virunnus" s'enchaînent. Les guitares sont monotones, la batterie est ennuyeuse, sauf dans "Virunnus" ou elle se modère pour laisser souffler l'ensemble, la voix de Chrigel irrite et les solos de flûte se ressemblent tant et si bien qu'ils finissent par être terne et sans saveur, à l'instar des morceaux.
Puis, après un intermède salvateur qui repose nos oreilles malmenées jusque-là, arrive "Call Of The Mountains", la chanson qui finira de diviser les amateurs d'Eluveitie. Cette fois-ci, c'est Anna qui prend le relais. Que se passe t-il, où est Chrigel ? Il braille discrètement au fond avec sa mandoline et sa harpe qui, pour le coup, apportent une douceur qu'on avait pas entendu depuis l'intro. "Call of the mountains" s'apparente plus à du Pop-Folk qu'autre chose. Anna brise la pièce exiguë dans laquelle se trouvait le groupe pendant le morceaux précédents. Elle se permet des envolées lyriques, on se sent pour le coup un peu plus libre. Le chant masculin, la batterie et les guitares sont cette fois supplantés par la mandoline, la harpe, le violon, la cornemuse et la flûte. Le morceau est relaxant, même si parfois on se rend compte qu'Anna Murphy a le désir de commencer une carrière solo Pop à côté. C'est à ce moment de l'album qu'on décide d'arrêter l'écoute ou de continuer, dans l'espoir de finir sur une note pas trop décevante.
Si vous avez continué, "Sucellos", "Vianna" et "The Silver Sister" révèlent l'évidence. Eluveitie souhaite s'investir dans une espèce de mix entre Death Metal juvénile et Metalcore exotique mal engagé. On entend les instruments mais on ne les apprécie pas, la musique s’enchaîne avec les mêmes riffs et les mêmes sonorités. La batterie et les guitares sont travaillées dans une optique de Death simpliste. Chrigel a le même timbre tout le temps et la flûte devient sans âme à mesure qu'elle revient inlassablement avec le même solo. De manière générale, les instruments néo-celtiques du groupe ne sont plus que des sons inconsistants, très en deçà de ce qu'on avait pu entendre dans les albums avant "Helvetios", ils ne nous font plus voyager. "The Silver Sister" a bien son duo de début vielle à roue/guitares assez accrocheur mais trop vite remplacé par le terrible chanteur et sa clique chaotique.
"King" a le mérite de tenter quelque chose. Chrigel et Anna fonctionnent de concert, les guitares sont plus équilibrées et cadencées, la batterie n'en fait pas de trop et le solo de flûte/violon est extrêmement nerveux et bien exécuté, assez puissant pour qu'on s'en souvienne. Le meilleur point de l'album. Chrigel s'est amélioré à la flûte, c'est déjà ça.
L'artwork de l'album a été créé par le chanteur. Le design provient d'une inscription visible sur une statue d'un site Gallo-Romain en France et la conception de la pochette de l'album a été supervisée par des experts de l'université de Zürich, pour ne pas faire d'erreurs et entâcher le mythe derrière le symbole. Si seulement le groupe avait eu autant d'implication dans l'album proprement dit que dans l'artwork, le résultat aurait été beaucoup plus satisfaisant, mieux dosé, de meilleure facture et surtout plus plaisant pour les oreilles. Eluveitie a changé et se doit de conquérir un nouveau public, celui qui n'a pas grandi bercé au son de "Spirit" et "Slania".
Créée
le 2 févr. 2018
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