Celui qui fait fort

Difficile de séparer Cadillac de Stupeflip. En effet, le bon bougre a contribué à quelques unes des meilleures chansons grâce à ses performances vocales (certes il hurle, mais il hurle bien). Et au fur et à mesure que le Crou vieillissait, ses engueulades devenaient plus significatives, avec pour point d'orgue les deux morceaux de Stup Virus où il apparait (1993 et Tales from the Crou) où Casimor est quand même sur le point de te faire pleurer ! Autant dire que son hurlement n'est pas comme on pourrait l'imaginer insupportable, au contraire il é bo.

Je pense que vous l'avez remarqué, mais le patron de la menuiserie est l'un de mes personnages préféré de l'univers Stupeflip (ReverbMan on t'oublie pas), et c'est donc tout fifou que j'appris la sortie d'un album solo. Mais avec une question sur les lèvres :

Trop de flip ne tue pas le flip ?

Parce qu'on a beau vénérer Stéphane Bellenger, on a jamais eu à l'entendre gueuler aussi lontemps.

Et ben en fait, c'est plutôt bon !

Déjà, il faut se mettre que ce n'est pas un album de Stupeflip. Cadillac a composé la quasi-intégralité de son album (les textes, mais surtout les instrus, qui étaient l'oeuvre de King Ju). Certes, les deux sont comparables, et on peut voir cet Originul comme une évolution du Stup, mais je le vois plutôt comme une réappropriation de l'ancien Stup (celui des touts débuts). Parce qu'on y trouve ces mêmes sons crados, des dissonances, des bruitages étranges... mais avec un petit truc en plus, indéniable : un sens du rythme. Car les instrus sont ultra entraînantes ! Fonctionnant en contre-temps, elles assurent une allure quasi constante, appuyé par le chant.

Et le chant, c'est ce qui fait tout le charme. Bien évidemment, on n'est pas vraiment sur du chant, mais un magnifique chanté-braillé propre à Cadillac (même si certains refrain sont plus mélodiques) et on a parfois des teintes d’auto-tunes, très discrètes cependant. Quant au texte, il est ultra riche. Pas un tas d'allitération -propre à Stupeflip- mais on part plutôt sur des jeux de mots bidons à base de zeugmas (J'ai perdu mes amis les amygdales) ou jouant sur des champs lexicaux (t'as l'air plus vieux/pluvieux sous ton parapluie). bon écrit comme ça, ça a l'air un peu niais, mais faut prendre en compte le rythme déjà-dit, mais surtout qu'il y en PARTOUT !

Et quand il n'y a pas de jeu de mots, il y a des histoires grotesques comme Coca-Cola : deux femmes qui ont deux chiennes (coca et cola) qui arrêtent d'emmerder Bruno Candida. Et le "jeu d'acteur" est plutôt impressionnant, quand il joue dans ce registre comique...

Ce premier album solo est une excellente surprise, avec un Cadillac survolté, et même si l'album a parfois quelques défauts (en mettant de côté X pour la blague, on a des interludes peu intéressantes), il est énergique et drôle, même si je peux comprendre qu'il soit fatiguant.