Une musique pour créer dans un tremblement de fond.
Une musique pour créer dans un tremblement de fond. Tu te réveilles un matin et tu te dis qu’il te faut de quoi écrire. De quoi repartir de zéro. La veille tu as jeté tout par la fenêtre du onzième étage. Ce qu’il te faut. Le strict nécessaire. Un stylo. Un bloc note. Un litre de café noir pétrole. Dans la furie de la veille tu as complètement zappé l’attaque du Centre Carrefour. Le type qui a eu l’idée d’appeler le CENTRE le CARREFOUR a tout simplement été touché par la grâce. Avant de continuer sa vie d’esclave de la drogue et du fric. Le centre carrefour avait subit un tremblement de fond. Il ne s’agit pas d’un tremblement de terre mais d’un retournement tectonique des fondations. Dans Dagon (H.P. Lovecraft) le narrateur t’explique avant de mourir suicidé par le monstre marin qu’il a rencontré un monolithe aux hiéroglyphes inquiétant sorti des profondeurs des mers et des âges. Il est devenu fou. C’est le genre de révélation qui t’arriveras lorsque tu te rendras devant le Centre Carrefour que tu n’as pas vu exploser en confondant les puissantes arrachitectures des fondations de la réalités en vagues arachnitechtoïdes prédatrices aussi sonisuïdales que ténébreuses avec les explosions de ton mobilier en kit et de tes écrans de télévision. Le monolithe siffle. Tout pilleur qui se respecte serait effrayé par le sifflement grave provenant des décombres. Et toi tu avances sur les monticules de bétons, métaux, plastiques, chairs, surface de gravas-bruits-visuels-incantations-graphiques. Le soleil à son zénith balance un max de rayons cosmiques. Pause sur les ruines. Ville abandonnée sur le champ. Un hélicoptère au matricule inconnu dans le contre jour. Ecrire = Impossible. Ce que l’homme hurle tu ne pourrais le retranscrire. Ni en noircissant des feuilles ni en enregistrant le son qui sort du spectre de la réalité préhensible. Tu attends les mots - observe la course déclinante du soleil car tu savais qu’il y avait quelque chose à trouver dans les décombres. Tu attends car derrière l’ombre d’un gravas se dessine un autre gravas. L’ensemble de la désolation forme une nappe abstraite le résultat de l’expérience sensible et vivante de la catastrophe. La chute du soleil modifie tour à tour les ombres et propose de nouvelles configurations du chaos. Chaque ombre s’accentue et dessine des recoins des repères des interstices pour l’apparition de monstres avant coureurs de la prochaine catastrophe. Entre chien et loup le monolithe est le seul à briller sous le feu du projecteur MONOLOR. Monolithe Or fruit du coeur. Alchimie à l’échelle du système solaire. Un homme hurle dans les décombres quand les démons se coagulent en magma bouillonnant. Tu hésites à descendre en te demandant s’il y a de la vie ou de la mort là dessous. Eclairage lumière brute intensité maximum. Les affleurements de ténèbres se dissimulent au balayage du faisceau. La marée monte. La périphérie devient interzone. Une lumière sombre sort depuis les ténèbres. Lumière noire habitée par le coeur en fusion du centre de la Terre. Trou noir. L’hélicoptère passe en lumière infrarouge. Un haut parleur diffuse des instructions de sécurité aux populations. VOUS ETES MORT NE BOUGEZ PLUS. Cryptage neutrinos. L'accélération des particule détruit le signal. Tu ne comprends que des bribes souillées par le langage de la Bête tapie tout en dessous du dessous. Syllabes sibyllines : EEEEYYYYY / HHHHOOOOOOOOO / AAAAAAHHHHHaaaEEEEEEEooo / IIIIIIImmmmmllllllllllAAAAAAAA / En boucles. Allo la Lune ! La physique Newtonienne ne répond plus. Tu navigues sur la mer noire dans une barque composée d’un bloc de béton armée d’une tonne de long. C’est à ce moment que le tremblement de fond doit percuter la vibration ultraviolette de ton ADN. Simulation neutronale à son maximum. Tu comprends chaque creux des lignes de ta main. C’est toi qui te parles là dessous. Alors continue à écrire en boucle, en vague, en naufrage, en transe. Ne ralentie pas sinon tu risques de te réveiller.