Il avait trois enfants qui ne lui parlaient plus
Le légionnaire n'était pas si loin pourtant
Un second avec handicap mental une centaine de kilomètres
Et il n'avait vu les enfants de sa fille que deux fois
Son frère lui avait spolié une grande part
Du fromage des parents
Il avait eu le temps pendant dix ans...le salaud
Petit à petit grignoter le pauvre magot
D'une vie de travail
A conduire des camions dès l'enfance
Toute une vie de malentendu, d'ignorance
De non dit... de silence
Lui aussi conduisait les camions du pater
Puis après la faillite
Ceux de l'autoroute
Quatre mille kilomètres par semaine
A dormir sur le volant quand y' a pas l'temps
En fumant des paquets de boyards
Pour tenir le coup ou parce que c'est bon
De cracher sa vie doucement en fumée
Et il aimait ça, c'était son horizon
Commencé à douze ans avec le grand père
Des cales sous les pieds
Tu rigoles mais c'est vrai
Puis vers la cinquantaine Une grosseur de trois kilos
Dans l'entrejambe à coups répétés
Du camion pendant des années
Pas encore le cancer
Il était si doux, si stupide, si dur au mal
Le toubib dit stop c'est fini
Mais lui il continue, ne sait faire que ça
Dans le lit il y pense
Au passé si mal négocié
Aussi à sa hanche qui lui fait mal
Opérée ce matin par un grand professeur
Aux mains si blanches
Que ça lui fout le vertige, des nausées
Des taches aux poumons l'accompagnent
Rançon des excès de kilomètres enfumés
La radiothérapie n'a pas suffit
Il faudra faire une chimio
Un autre homme aux mains si blanches
Le lui a dit...dès que sa hanche greffée ira mieux
Quand il aura un peu récupéré
Soixante dix balais ne peut plus se traîner !
Sa compagne aussi est malade
Ses reins sont foutus, elle ne supporte plus les médocs
Et ses veines bousillées par les dialyses
Pas la mère de ses mômes mais elle est là
Avec lui dans trente mètres carrés, petit jardinet
Un chouette roquet qui jappe et l'ennui constant
Parfum de vide vide de sens
Il fait nuit il ne dort pas
Après la rééducation en maison de repos
C'est dit il le sortira du tiroir
Et quand elle aussi sera rentrée
Elle s'assiéra dans son fauteuil
Pour regarder la télé ou bien tricoter
Il s'approchera doucement
Lui caressera les cheveux
Et lui tirera une balle dans la nuque
Elle tombera là sur le carrelage
Des rigoles rouges inonderont ses yeux
Le chien aboiera et lui le regardera
Avec tendresse et compassion
Puis il prendra l'arme dans sa bouche et ce sera fini.
Il pensait à ça cette nuit
Sur son lit de douleurs
Bien peu d'choses cette hanche
Comparée à tout ça
Ce grand trou cet oubli
Et puis il se souvint
Que dans le tiroir
Il n'y avait rien que quelques photos jaunies
Témoignage de toute une vie.
Album 1 bien bluesy rock excellent
Album 2 Hobo songs assez traditionnelles un peu long
Album 3 textes dits de poètes ou de pièces de théâtre et chansons portés par des musiques expérimentales et chansons traditionnelles. Excellent
https://genius.com/Tom-waits-its-over-lyrics
- Nirvana Charles Bukowski (disque 3 morceau 11)
pas trop de chance,
complètement sans
but,
c’était un jeune homme
dans un bus
traversant la Caroline du Nord
en chemin vers
quelque part
et il a commencé à neiger
et le bus s’est arrêté
à un petit café
nulle part dans les collines
et les passagers
sont entrés.
Il s’est assis à un coin
avec les autres,
il a commandé et la
nourriture est arrivée.
ce repas était
particulièrement
bon
et le
café.
la serveuse n’était pas
comme les femmes
qu’il avait
connues.
elle était pure,
quelque chose
d’authentique
émanait
d’elle.
le cuisinier à la friteuse disait
des imbécilités.
le gars à la plonge,
derrière,
rigolait, un rire
bon
clair
agréable.
le jeune homme observait
la neige tomber derrière
les vitres.
Il avait envie de rester
dans ce café
pour toujours.
le curieux sentiment
le parcourut
que tout
était
magnifique
ici,
que cela restera toujours
magnifique
ici.
ensuite le conducteur
a dit aux passagers
qu’il était temps
de réembarquer.
le jeune homme
a pensé, je vais rester assis
ici, je vais juste rester
ici.
mais ensuite
il s’est levé et a suivi
les autres vers
le bus.
il s’est assis à sa place
et a regardé vers le café
à travers la fenêtre
du bus.
alors le bus a
démarré, repris la route,
descendant, loin des
collines.
le jeune homme
regardait droit
devant lui.
il entendait les autres
passagers
parler
d’autres choses,
ou ils lisaient
ou
ils essayaient
de dormir.
ils n’avaient pas
remarqué
la
magie.
le jeune homme
appuya sa tête
d’un côté,
ferma ses
yeux,
prétendit
dormir.
Il n’y avait rien
d’autre à faire –
seulement écouter le
son du
moteur,
le son des
pneus
dans la
neige.