Dan Snaith fait partie de ces individus brillants qui ont plus d’une corde à leur arc. Docteur en mathématiques, il est plus connu des amateurs de musique électronique pour ses productions sophistiquées parues sous les pseudonymes de Caribou, Manitoba et Daphni. Son brûlant album Swim en 2010 lui a valu une petite notoriété. Quatre ans plus tard, il met au monde l’excellent Our Love. La trentaine heureuse, jeune papa, il confie à l’occasion d’interviews que cet album est « plus direct, plus personnel » que les précédents et qu’il a voulu qu’il soit « comme un grand câlin pour tous ceux qui avaient adhéré à [sa] musique ».
En effet, les nappes vaporeuses de ce disque d’electronica et d’IDM se posent délicatement sur des beats feutrés pour fournir une matière sonore cotonneuse où il fait bon se laisser aller. Le premier morceau « Can’t Do Without You » nous fait entrer doucement dans un univers intimiste fait de quiétude, de douceur et d’amour. Habitant de l’Ontario, Dan n’est pas du genre à prendre le caribou par les cornes mais plutôt à l’apprivoiser. Les morceaux de coton se transforment en flocons qui tombent en tourbillonnant sur sa province froide.
L’artiste navigue à vue entre différents courants de la musique électronique. Il flirte avec la house et l’electro-pop sur une bonne moitié de l’album, se la joue breakbeat sur « Julia brightly » et tutoie les profondeurs sacrées du dubstep sur le magnifique « Silver ». Son style devient purement expérimental sur un « Mars » marqué par une rythmique tribale et une flûte envoûtante. Puisant dans une palette de 1001 sonorités, il est également enclin aux collaborations avec ses compatriotes : la chanteuse Jessy Lanza donne des accents vaguement R&B à « Second Chance » et le violoniste Owen Pallett apporte ses cordes vives pour le titre éponyme « Our Love » dont les pads et les samples évoquent la techno minimale.
Lorsque la musique de chambre devient l’air de rien de la musique de club, on peut dire que l’artiste parvient à rendre communicables ces domaines intenses de la psyché que l’electronica et l’IDM sont à même de retranscrire.