On avait été prévenus avec "Seepia". Quelque chose en Australie s'était réveillée, une chose d'une autre dimension, insaisissable et incompréhensible. Une entité se nourrissant des peurs les plus enfouies, de l'horreur dans sa forme la plus pure et qui s'abolit de n'importe quelle croyance, de l'horreur immémoriale, d'avant le temps des hommes et de leurs idées. Son arrivée s'était faite dans une furie destructrice et incontrôlée, sa domination sur notre monde se fera insidieuse et par l'entremise de Nyarlathotep, le Chaos Rampant. Ces 2 derniers termes suffiraient d'ailleurs à définir l'album. Le Chaos se fait par ces guitares qui percent encore au travers d'une production noyée dans une mélasse qui s'est épaissie par rapport au précédent, rendant le tout plus compréhensible mais aussi plus suffocant, et par les râlements pernicieux du Curator, qui s'exprime dans un anglais toujours aussi hermétique. Rampant, c'est le rythme qui l'est. Le tempo s'est considérablement ralentit, augmentant, comme si c'était encore possible, le côté étouffant du disque. Les compositions sont lentes tout en conservant ce côté biscornu et malfaisant. On à, bien sûr, encore quelques déferlantes comme sur "Omnipotent Crawling Chaos" mais l'impression générale qui se dégage de tout ça, c'est qu'on est en train d'écouter un 45 tours en 33 sur un vieux phonographe hanté. Et lorsqu'on écoute des titres comme "Heirships", "Black Houses", l'interlude noise "Outre'" ou le cataclysmique "Sourlows", croisement improbable entre Deathspell Omega et Sunn O))), qui clôt ce bourbier, le doute n'est plus permis, Portal n'est plus (ou n'a jamais été) de ce monde. "Villas Ecto ! Villas Ecto ! Villas Ecto ! Villas Ecto !"