Pourquoi c'est un album majeur dans la carrière de Disiz ?
Depuis la trilogie Lucide, Disiz est libéré. Libéré des carcans du rap, libéré de devoir répondre de tous ses choix musicaux, libéré de tout ce qui l'a toujours retenu d'être un rappeur, venu d'ailleurs.
Pacifique arrive donc à un moment important dans la carrière du rappeur, de la même manière que l'excellent Disiz The End annonçait la fin de sa carrière. Au lieu de revenir sous une autre forme (comme il avait su le faire avec Dans le Ventre du Crocodile, sous le nom de Peter Punk), Disiz est devenu ce qu'il a toujours dû être : un rappeur polymorphe qui ne s'interdit plus rien.
On sent donc une véritable évolution musicale avec Pacifique, œuvre à part entière dans sa discographie. Le chant est plus présent, tout comme les sonorités électroniques, le rap s'efface peu à peu, mais les thématiques sont sensiblement les mêmes : la misère sentimentale, la misère humaine, la misère sous toutes ses formes.
Et derrière ces constats, il y a quelque chose de moins moralisateur, toujours un peu naïf au fond, porté par des bons sentiments, mais profondément bienveillant : Disiz est un guide, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Comme souvent avec les projets du rappeur, c'est beaucoup trop long. L'album aurait gagné à perdre quelques titres, et ça trahit l'un des défauts de Disiz : avec son cœur gros comme ça et sa générosité, qui n'est plus à prouver, il en oublie que la quantité n'est pas synonyme de qualité.
Il y a deux artistes qui ont réussi à me foutre les larmes aux yeux en quelques mots cette année : Disiz avec le titre Poisson étrange et, dans un registre radicalement différent, Sofiane dans Toka Toka et la finalité du titre "Les regrets me tuent, les souvenirs me prennent / Dans la nuit j'appelle mon père quand j'suis bourré".
Pacifique est imparfait, mais il est parfaitement sincère. L'histoire est faite d'injustice. Et quelque chose me dit que Pacifique subit déjà une ignorance qu'il ne mérite pas.
Note : Quiétude /10
Dans le registre, c'est beaucoup plus politique que ça en a l'air :
"Tout le monde te regarde, mais personne ne bouge / Poisson étrange, je te demande pardon" - Poisson étrange
Dans le registre, ça se passe de commentaires :
"J'm'en fous qu'tu sois dans l'espace / J'te préfère à mes côtés" - Qu'ils ont de la chance
Dans le registre, l'une des meilleures collaboration de l'année :
Splash, de Disiz et Stromae. Putain que c'est parfait !