Les premières pistes nous font découvrir ce monde qui a perdu tout goût pour la matière et le contact physique. Le narrateur nous raconte, nostalgique, désabusé, que toutes les révolutions qui devaient avoir lieu n'ont pas eu lieu et que les écrans ont imposé une distance froide, empêchant toute fraternité, toute humanité. Dans Cristaux liquides, on en vient même à poser à la machine la question de l'existence de Dieu. Incapables de trouver la réponse en nous-même, ayant détruit toute intériorité, nous posons à notre créature, la question de notre créateur.
La question du temps qui passe marque également tout l'album et Arthur Teboul se pose bien la question de comment habiter le présent, présent qui va de plus en plus vite. Une piste proposée est l'enracinement dans la matière. Les tableaux de nature et les scènes et personnages faits de terre sont nombreux. Les odes aux éléments sont sublimes et me font parfois penser à Giono. Car on y retrouve aussi de la spiritualité. Plusieurs textes ont des parts litaniques, incantatoires et évoquent un ailleurs, mais il y a toujours le doute. Le doute est permanent et plus encore que dans les anciens albums, les questions sont nombreuses (et je trouve mieux intégrées dans les textes et dans la musique). Une seule chose est certaine : il faudra se souvenir, se rappeler que nous étions des hommes. Il y a l'amour également. L'amour pour aider à se souvenir. L'amour pour vivre le présent. Mais pas l'amour virtuel, l'amour physique (Cantique) : celui qui libère.
En somme, malgré une certaine amertume, l'album se veut d'espoir et est une vraie joie à écouter. Les textes d'Arthur sont toujours aussi passionnants à écouter : juste assez lumineux pour donner envie d'ouvrir la porte, juste assez mystérieux pour que nous puissions nous les approprier.