PARANOID : Le chef d'oeuvre
Paranoid. Que ce soit du petit ado metalleux énervé dans sa chambre, du super metalleux énervé qui joue dans les stades, ou du Viking métalleux énervé qui s'les gèle sur sa banquise, tout amateur du genre du genre se doit de connaître cette bible du metal. Et je pèse mes mots.
Bon c'est sur, aux vues du doux gazouillis d'un chanteur de brutal death metal, ce disque peut paraître franchement vieillot. Surtout quand on sait que Black Sabbath était considéré comme un groupe ultra sataniste en 1970. Il n’empêche, on assiste ici l'élévation d'un monument du hard rock. Sans lui, point de brutal death metal des familles. Là où le premier album distillait un heavy blues sauvage empreint de mysticisme et d'ambiance "train fantôme" à coup de quinte bémol, Paranoid s'inscrit définitivement comme un jalon du rock, première petite brique mais ô combien importante du grand heavy metal.
A l'instar de l'explosion du Speed king de Deep purple, les premières mesures de War pigs mettent tout le monde d'accord : "les gars on est pas là pour poser d'la moquette!". Ces classiques que sont devenus Paranoid, Iron Man, War pigs, Fairies wear Boots, etc... auront un effet immédiat sur votre corps dès la première écoute. Vous le sentez ce léger hochement de tête irrépressible ? Le head bang vous prend et ne vous lâche plus pendant 40 minutes. Bon peut être pas sur planet Caravan, sinon dans ce cas là c'est plutôt un problème psycho moteur et il vous faut surement consulter.
Alors quoi qu' c'est qui fait qu' c'est génial? Ben la simplicité pardi ! Si l'on prend les 3 grands précurseurs du hard rock seventies, Black Sabbath est très facile d'accès sur le plan technique musicale et reprise en groupe. Quoi de mieux que de reprendre entre potes musicos ces standards! L'instrumentation est simple, ici pas de super Moog gros comme ton appart, d'overdubs par centaines, d'accordages chelous sur une guitare à 24 manches et j'en passe. Là c'est branchez la bête et envoyez l'bouzin. Cette facilité de reprise en fait immédiatement une oeuvre d'anthologie, reprise jusqu'à plus soif par des millions de jeunes depuis 45 piges.
Les 2 autres grands génies du hard rock du début de cette décennie sont à mon sens plus difficile à reprendre en groupe. Led zeppelin demande un sacré panel d'instrument, ainsi qu'un niveau technique non négligeable, là ou Deep Purple fait très souvent dans la virtuosité et l'improvisation la plus débridée (va l'refaire le solo de child in time tiens). Ici on mise sur l'efficacité et la sauvagerie. Tony Iommi nous distille des plans faisant partie maintenant du vocabulaire rock moderne, Bill Ward tape comme une grosse brutasse sur ses fûts, Geezer est bien en avant dans le mix pour que le mur du son il soit bien dans ta gueule, et Ozzy (à l'époque où il savait encore articuler...) déverse ses incantations habité comme jamais.
Alors pourquoi 9/10 et pas le sacro saint 10? Et bé parce que, malheureusement, il y a un petit point noir qui vient se dessiner sur le visage juvénile de ce si prometteur metal : rat salad. Bien qu'étant au passage le nom du proto van halen, rat salad correspond à l'inévitable solo de batterie de tout bon album d'hard rock seventies. Passage obligé, et à posteriori peu flatteur, de l'époque, (un peu comme les pattes d'eph et les papiers peints immondes), ce solo bien que court n’empêche pas l'ennui de se dessiner un court instant. Mais sa faible durée le pardonne, on est loin du solo interminable de Ian Paice sur le made in Japan, ou pire ceux de Bonham qui ont l'air aussi longs que le reste d'un concert de led zep.
En résumé, un album i-n-d-i-s-p-e-n-s-a-b-l-e à tout amateur de rock dur (comme ma ---- auront pensé certains). Si vous ne l'avez pas bien en vue dans votre discothèque, courrez l'acheter en essayant d'éviter les cailloux que vous envoient les fervents défenseurs d'un rock simple, authentique et profondément original.
