Un vestige du hip-hop, du vrai. Avec 'Paris sous les bombes', le Suprême rend hommage à la culture du double H à l'ancienne en rappant leur nostalgie du b-boying, de l'art du graffiti et du rap « peace, unity, love and havin' fun ». Pour cet opus, les deux Dyonisiens vont s'appuyer sur DJ Clyde, alors membre du groupe Assassin. La bestialité de Joey Starr est à son stade premier (on comprend encore ce qu'il dit). Le flow de Kool Shen est propre et grandiloquent. 'Paris sous les Bombes' sonne définitivement old school, genre rap U.S. fin 80s – début 90s, confirmant l'adage selon lequel les américains ont toujours eu une longueur d'avance. L'influence du MC-beatmaker Pete Rock sur les instrus se fait sentir à travers l'affluence de loops saxophoniques et de percutants hi-hats.
Côté hits, on est bien servi. Le headbanger « Tout n'est pas si facile » s'annonce comme l'hymne de cet album, remémorant les premières heures du hip-hop français. Dans l'autre main, le tube classique « La fièvre » propulse naturellement Bruno et Didier au top des charts. Deux ans après la sortie de l'album, le duo du 93 sortira le clip du remix d'« Affirmative Action » avec Nas. Un clip qui devait être initialement tourné dans Queensbridge, mais qui sera annulé notamment à cause du blocage de AZ sur la pâleur de Kool Shen. In fine, Nas viendra personnellement en France pour jouer au Don au beau milieu des H.L.M. imposants du 93.
Les années suivantes vont être marquées par le début du monopole de la radio Skyrock en matière de rap FR. La tendance commerciale va profiter à trois grandes familles du peu-ra : NTM, IAM et le Secteur Ä. 'Paris sous les bombes' tourne clairement une page du rap français.