I like to remember things my own way
(Cette critique particulière a été écrite dans l’optique d’être lue en écoutant l’album de Para One : ‘Passion.
Pour commencer un nouveau paragraphe attendez que la chanson se termine ou passez à la suivante, ou bien encore faites le à votre façon.)
Ferme les yeux et assieds-toi. La température diminue. Le vent commence à souffler. Les degrés descendent sous la barre du zéro. La neige commence à tomber. De plus en plus fortement. Tu as très froid, tu es gelé. Mais tu es bien. Serein. Ta descente est la chute la plus agréable de ta vie. Peut-être que ça ne s’arrêtera jamais. Tu es tellement bien.
La neige cesse.
Une bouffée de chaleur traverse ton corps. Tu as atterri sur une plage de galets colorés. Les palmiers se déforment, les vagues derrière toi s’agitent telles de grandes sinusoïdales. Devant toi la colline gondole. Tout bouge. La béatitude t’emporte. Tu pleures de joie des cascades de sucre. Tu restes là, assis sur tes galets qui changent de couleurs au fil du tempo. L’océan à ta gauche passe du rose clair au turquoise. Apaisant.
Puis tu t’élèves.
Tu voles réellement. Les nuages sont des sushis. Deux anges t’emmènent dans une danse endiablée. Ou peut-être un slow. Quelque chose entre les deux. C’est tellement mieux de valser sur les trois axes. A gauche, à droite, en haut, en bas, tu danses où bon te semble. Il n’y a ni gravité ni air. Tu respires de la barbe à papa. Rien n’a plus d’importance. Les deux chérubins sont bien agréables avec toi. Ils te susurrent des mots doux à l’oreille. Et leur danse est certainement la plus relaxante du monde. Il est l’heure de s’en aller maintenant.
Les deux anges s’en vont.
Te voilà au cœur de Manhattan, les voitures circulent à 130 kilomètres par heure autour de toi. Les immeubles s’agrandissent et se rétrécissent au rythme de la musique. Tel un métronome. Il fait nuit mais ça n’empêche pas la ville de t’éblouir de ses lumières et d’être aussi vivante qu’un jeune lémurien nageant dans une piscine de miel. Un taxi te prend. Tu vois New York défiler doucement. Des lumières de toutes les couleurs jaillissent. Des néons arborent les immeubles. Certains clignotent, d’autres sont cassés. Toutes ces nuances donnent une ambiance si particulière à la ville.
La balade s’arrête. Le taxi t’a déposé dans Brooklyn. Il pleut à torrent. Tu te réfugies sous une enseigne d’épicerie chinoise. Tu te promènes dans les petites rues pour déboucher sur des grosses avenues. Cette balade est sûrement l’une des plus agréables de ta vie. Mais beaucoup trop courte. La fumée des cigarettes, la bouche d’égout débordant, le moteur des voitures. Des centaines d’odeurs se mélangent. Ici des gens assis sur le trottoir mendient quelques piécettes pour survivre jusqu’au lendemain. Si ce dernier arrive.
Explosion.
Tout brûle, tout se construit, tu ne sais pas où tu es. Mais nom de Dieu que ça envoie du steak de loutres. La vie t’embrasse, t’enlace, te fait l’amour sauvagement. Tout pète. Tout s’allume. Tout le monde autour de toi danse comme si c’était la Fin du monde. Tiens, voilà une explication au spectacle. Les planètes sautent autour de toi, une galaxie vient te rouler une pelle, puis c’est la voie lactée qui vient te tailler une pipe. La nuit ne s’arrêtera jamais. L’apocalypse est le seul décor de cette folle soirée. La foule s’étend. Grossit. Puis disparait.
J’aime me rappeler des choses à ma manière.
Eclairs vifs, tes yeux brûlent par ces flashs intenses. Tout tourne. Tu vomis du métal sur l’androïde à côté de toi. Il t’insulte. S’ensuit un combat dans les entrailles du disque dur. Tu cours entre les circuits électroniques. Rien à faire, le robot continue à te poursuivre en t’envoyant des lasers avec ses orifices nasaux. Tu es perdu, et un peu perplexe quant à la tentative démesurée du robot d’essayer de faire de toi une machine. Tu te retournes. Ton agresseur se décompose.
Un vaisseau te prend à la volée.
Tu visites les limbes de l’informatique. Un voyage imposant au cœur du système. Tu es dans les Internets. Des soudures sautillent au temps du rythme. Des ventilateurs accélèrent à ton passage. Ton voyage est calme et rassurant. Tu ne penses plus et apprécie le vol.
Détachez vos ceintures.
Tu n’es dans rien du tout. Tu vagabondes dans ton microcosme personnel. Ton cœur déborde. Ton âme-sœur te rejoint. Elle te contemple avec ses yeux doux. Le plus beau regard du monde. Tu l’aimes. Cette personne est l’amour de ta vie. Tu le sais, l’as toujours su, et le sauras toujours. Tu ne la perdras jamais, elle est à toi. Tu es à elle. Cette personne t’aimera toute sa vie, toute ta vie. La passion te fait danser. Tu cries ton amour avec des couleurs. Une larme coule sur ta joue droite, atterrit dans une mare de bonheur. Tu as enfin trouvé un but à ta vie. Une raison de vivre.
Sérénité.
Tu apprécies tranquillement. Tu n’es toujours dans rien. Des masques africains apparaissent, te souhaitent une vie longue et heureuse. Tu t’en fiches un peu. Tu es dans ta bulle. Tu apprécies le moment présent, et c’est tout ce qui compte. Ils insistent, mais tu n’as pas envie de bouger. Un duel de regards commence. Tout est dans le mental. Mais tu gagnes, alors tu continues à ne rien faire pendant que les masques s’improvisent une zumba bien accueillie pour reposer ton esprit.
Parce qu’après le repos, l’orgasme jailli d’un coup, sans prévenir.
Danser. Ta seule envie est de remuer. De bouger. Ton âme veut sortir de ton corps pour se mouvoir de milliards de possibilités. Une projection astrale de toi-même prend ta main. C’est parti. Tu danses. Tu ne t’arrêtes pas. Break. Ton âme est sortie par tous tes orifices. Tu danses encore. Tu ne t’arrêteras plus jamais. Break. Ça vient du futur. Une aurore boréale jaillit lentement d’une licorne. Puis des arcs-en-ciel. De la fumée envahit ton corps. Tu vois ton corps devant. Il devient fou. Se désarticule, pète les plombs. Le pied ultime. Une jouissance sans précédent. Voilà où tu en es : au point culminant du voyage. Tout résonne comme la parfaite balade de l’extase. Distorsion de l’espace-temps.
Il est temps de revenir sur terre.
Sur un bateau pirate tu vogues dans l’univers. Une entité supérieure te parle et te guide. Tu suis sa voix pour revenir à bon port. Ça secoue. C’est normal, le retour n’allait pas être facile. Mais quelque chose te porte, te ramène. C’est bon en toi. Tu n’es pas malheureux de revenir. Ce retour est agréable.
Clap.
Clap. Clap. Les bras écartés, les jambes droites, tu flottes dans le ciel pour rejoindre la surface. Une chute bien lente qui ressemble étrangement à la première. Tu as traversé le cosmos entier pour revenir au point de départ. L’univers n’est donc pas infini. Enfin si, il suffit simplement de, perpétuellement, ré-appuyer sur « play ».