Bleu pastel? Vous êtes sûrs?
"Pastel Blues", c'est Nina Simone au sommet de son art, se mesurant glorieusement au fantôme de Billie Holiday ("Strange Fruit", à tomber, et "Tell Me More And More And Then Some", presque aussi bon) et reliftant de fort belle manière deux classiques usés (la vieille scie "Trouble in mind" et "Nobody Knows You When You're Down And Out", popularisé en son temps par Bessie Smith).
Je retiens aussi "Be My Husband", écrite par le mari de Nina, une étrange chanson d'amour vachard, en forme de work song minimaliste et hypnotique comme elle les affectionnait, et "Ain't No Use", qui lui donne une belle occasion, s'il en était besoin, de démontrer avec éclat ses talents de pianiste et de chanteuse.
Mais tout cela n'est rien. Le plat de résistance, le tour de force, l'apex, c'est "Sinnerman", un marathon néogospel mutantoïde, flamboyant et épuisant (mais c'est de la bonne fatigue, comme dit ma voisine après son jogging).
Une apothéose phénoménale, bien loin du bleu pastel que suggère, peut-être ironiquement, le titre de l'album.
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