Ce film ne raconte rien. Il ne s’encombre ni de dialogues, ni d'acteurs.
Les seuls personnages sont un train, une ville et le soleil qui se lève.
Ah, et un morceau de Duke Ellington.
Daybreak Express est un poème. Presque un haiku.
Il est 90 fois plus court que Sátántangó, ce qui fait qu'on peut le regarder beaucoup plus souvent.
J'ai appris récemment que D.A. Pennebaker n'avait aucune notion de montage lorsqu'il s'est lancé, à l'instinct, dans la réalisation de ce court métrage. Ça ne m'étonne pas, il y a là-dedans la grâce sauvage et délicate de l'art brut, libéré de tout dogme, de tout académisme.
C'est super beau. C'est puissant. Ça m'émeut beaucoup. Jean Epstein aurait adoré (une citation epsteinienne aurait été de bon aloi, mais j'en ai aucune sous la main).
C'est la quintessence du cinématographe. En tout cas, c'est la mienne.