Pentastar: In The Style Of Demons, ça ressemble à une virée dans le désert. Une virée où l’on serait installé à bord d’une terrible Plymouth Hemi Cuda (la bagnole de la pochette), traçant sur une route implacablement rectiligne qui ne semble pas avoir de fin, où l’air serait tellement aride qu’il en serait presque irrespirable, et où bien sur l’on serait salement défoncé.
Je pourrais m’arrêter là, cette courte description suffirait largement. Mais si je devais en raconter un peu plus, je pourrais vous dire qu’il s’agit du troisième album de Earth, groupe mythique emmené par le charismatique Dylan Carlson, ami de Kurt Cobain et influence majeur de toute la scène drone, de Sunn O))) à Boris, et que ce disque est le dernier du groupe avant un hiatus d’une dizaine d’année, durée que Carlson passa en prison. Je pourrais vous dire que ce disque est un monolithe, ou le dernier morceau n’est une variante du premier, où l’austérité est reine et où la répétition l’unique mode de construction des morceaux. Je pourrais aussi vous dire qu’au milieu de tout ça vous trouverez une reprise dantesque et complètement cramée d’un morceau de Jimi Hendrix, mais que vous le reconnaîtrez probablement pas, quand bien même vous seriez fan du légendaire guitariste. Je pourrais également vous parler des trois plages de drone qui émaillent le disque, comme autant de haltes un peu patraques dans cette folle chevauchée à travers les terres arides du Nevada ou de la Californie. Je pourrais vous dire qu’avec un seul album de ce genre, Earth a écrasé quasiment toute la concurrence en matière de desert-rock, de stoner, ou de toute musique se réclamant du désert. Je finirais par vous parler du son, aride, rêche, qui donne tout son sens à l’album, et crée une ambiance à nulle autre pareille où l’on se laisse couler.
Il y a tant de choses à dire à propos de cet album. Mais tout ceci est inutile comparé à ne serait-ce qu’une seule écoute de ce disque étrange et éblouissant.