Je suis tellement un hipster que, même au sein de la discographie d'un groupe moyennement obscur, je trouve le moyen de ne pas avoir le même album favori que les fans de ce groupe moyennement obscur. Si vous avez déjà entendu parler de Luna, c'est soit parce que vous avez entendu parler de Galaxie 500 (le premier groupe de Dean Wareham, tout aussi obscur mais un peu plus culte), soit parce que vous suivez de près mes émissions de radio et mes chroniques sur X-Silence, soit parce que vous avez lu un article sur Penthouse, le 99ème meilleur album des années 90 selon Rolling Stone.
Et en effet, à défaut d'être mon préféré, ce troisième essai est clairement le plus abouti. Celui où Luna est moins le projet parallèle de Dean et où sa guitare forme enfin un vrai duo avec celle de Sean Eden. Celui où Luna ressemble moins à des disciples amoureux du Velvet et de Television et sonne comme Luna (avec tout de même la douze cordes de Tom Verlaine en guest-star). Les amateurs de son 90's tout en réverb seront servis par des tubes à ranger à côté du meilleur de Mazzy Star et Pavement ("Moon Palace", "23 Minutes in Brussels") et même si le tout est un peu plus lisse que ce que proposait Dean avec Galaxie 500 ou Lunapark, y a pas un mauvais morceau à signaler. Rien qui ne viendrait perturber la douce extase ressentie si on pose le disque pendant une sieste et qu'on plane à l'écoute des longs solo de "Chinatown" ou "Kalamazoo". Et en guise de crossover rock indé réjouissant, on a même une bizarrerie : la reprise du "Bonnie & Clyde" de Gainsbourg avec Dean dans le rôle de Serge et Laetitia Sadier dans celui de Brigitte.
Ce que la dream-pop pouvait offrir de meilleur. Juste devant Bewitched et juste derrière Lunapark donc.