Time for hope
Ce matin, j'ai pas envie de rigoler. Ce matin, j'ai une sacrée gueule de bois. Pas du genre qu'on fait passer en buvant je ne sais quelle mixture miracle, pas du genre qui attaque le foie en même...
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le 14 nov. 2015
132 j'aime
10
Je suis un escroc.
Je le confesse sans ambigüité, depuis des semaines, des mois, des années, je fausse à tour de bras moyennes, classements et autres conséquences volontaires ou non de mes actions par ici.
Prends ce single par exemple.
J'aime pas Ed Sheeran.
J'aime pas sa musique, ses paroles, je m'ennuie ferme devant ses quatre accords répétés à en faire vomir n'importe quel bouquin de solfège, devant ses paroles à faire vomir n'importe quel amateur de littérature, de Steinbeck à Oui-Oui et la fusée magique. En bref, depuis que j'ai passé l'âge de 12 ans je ne supporte plus ce genre de chanteurs.
Va pas croire que je suis en train de parler de l'exception dans sa discographie, de son instant de grâce perdu dans la mélasse. Va pas croire que la note est méritée.
Loin de là mon pote.
Ça dégouline peut-être même plus que les autres, ça déborde de relents d'acné et de guimauve. Et puis ces quatre accords, toujours ces quatre foutus accords qui me filent de l'urticaire...
Seulement voilà, des fois on oublie de noter une chanson, un film, un livre, des fois on note un souvenir.
Et moi, quand j'entends ces quelques notes de guitare, j'ai plus qu'à fermer les yeux, et je m'en vais dans une vision claire, inaltérée et inaltérable.
Je pars sur un carré de terre planté en Bretagne, à la frontière de la mer déchaînée, planqué au coeur de quatre murs en pierre dressés face à la tempête qui sévit dehors. Là, dans un refuge à la limite du rustique, perdue quelque part entre deux années dans une nuit qui n'en finit pas, une princesse apeurée par le vent tournoie sous mes yeux, portant dans ses bras un bout de bonhomme haut comme ses genoux.
Elle tourbillonne, ondule, virevolte, et emporte mon coeur comme un ouragan, tellement plus fort que la pathétique brise qui vient s'échouer contre notre sanctuaire. Et pendant qu'elle flotte comme un ange valdinguent derrière elle les quelques notes d'une chanson que je n'oublierai jamais.
On note des souvenirs. Des morceaux de nous qu'on a laissés dans les oeuvres des autres, des reflets de ce qu'on était à cet instant, et peu importe pour le reste. C'est une façon comme une autre de se remémorer.
Certains prennent des photos. Moi j'écris. Si tu voyais ma tronche, tu comprendrais.
Je lui ai dit que je l'aimais cette nuit-là, je crois.
Pardon de foutre en l'air votre système.
J'ai choisi de me souvenir.
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Créée
le 14 janv. 2018
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