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Perspective 66
6.3
Perspective 66

Album de Eddy Mitchell (1966)

Mon problème avec Eddy Mitchell c'est que je ne sais jamais si la chanson est purement originale ou l'adaptation d'un morceau anglo-américain. Alors je suis obligé de me contenter d'exprimer mon ressenti avec une certaine retenue, ne sachant qui est véritablement à l'origine de l'œuvre. C'est un peu frustrant. Il faudrait écouter l'album avec la pochette et les crédits sous les yeux, ce que je déteste faire. La musique je ne peux me résoudre à l'écouter assis à ne rien faire. Je conduis, je fais la vaisselle, j'étends le linge, je joue au poker, j'écris, je fais les courses, je prends un bain, je fais la bouffe, je vais chercher le petit à l'école, je claque une pelle à mon Estelle, je ne peux pas lire la pochette, pas possible.

Alors on retient surtout les thèmes et on essaie de se rattacher aux textes proposés, de chercher des récurrences ou des voies inédites. Force est de constater qu'Eddy Mitchell est toujours très proche des préoccupations des jeunes de l'époque. Parce que lui même l'est encore à ce moment là. Plus tard, il continuera à raconter des histoires de tout un chacun, des trucs personnels et donc de personnages plus âgés. C'est aussi ça, Eddy Mitchell, une part très importante de lui même. Une personnification de l'émotion. Merci, m'sieur Eddy.

-"Et tu pleureras": les carillons ou des trucs qui ressemblent me font un drôle d'effet, ça me rappelle des émission de noël de mon enfance. Je ne saurais dire quoi exactement, c'est très flou. En tout cas, ces sons ne me semblent pas vraiment cadrer avec la musique rock'n'roll. Cependant, je ne dis pas que ça me déplait. Non, c'est sympa. Le texte est étonnant, s'adresse à des jeunes mais se fait oiseau de mauvaise augure, on parle des malheurs de la vie qui s'abattent sur l'existence pour mieux nous faire vieillir. Étrange et couillu dans un sens.

-"Elle détruit les garçons": là encore, l'amour, les filles et les malheureux qui morflent (toutes des salopes). Bon rythme avec toujours ces carillons en fond.

-"Tu ferais mieux de l'oublier": bon là c'est quand même une adaptation des Beatles facilement identifiable. Le texte est bien, agréable, mélancolique. La musique est pratiquement la même que celle des Beatles. Service minimum. C'est bon mais je ne suis pas fan des adaptations.

-"Je lui raconte ma vie": intro guitare électrique traditionnelle, le morceau est très rock américain cette fois, avec un piano gospel, ou greatsballsoffirien si vous voulez. Sympa mais sans plus. Je préfère les morceaux précédents qui avaient au moins quelque chose de particulier. Celui-là a été entendu mille fois ailleurs. Peu d'aspérité.

-"Aux yeux de ton amour": mélodie douce, slow romantique, bien balancé, mais un peu répétitif. Gentil. Mignon.

-"To be or not to be": je n'aime pas ce morceau, que ce soit sur le texte ou la musique, je le trouve grotesque, ni rock, ni blues, informe en somme, laid.

-"Je n'ai qu'un cœur": beaucoup de cuivres, on sent une grosse orchestration derrière, relents jazzy. Sympa car assez entrainant. Le texte est simple et joli.

-"Rien qu'un seul mot": maintenant les Rolling Stones. Se sont pas foulés sur le texte. Surtout je ne vois pas l'intérêt. Le "Satisfaction" des Stones, non mais sérieusement, qu'est-ce qui leur a passé par la têtes de franciser cette chanson d'anthologie? C'est d'un ridicule!

-"Serrer les dents": ben tiens voilà, un morceau dont je ne connais pas la paternité mais ça sent l'adaptation. Quoiqu'il en soit, les castagnettes dans le fond sont très étonnantes. Il y a quelque chose dans cette histoire, dans la forme de la chanson, la musique, j'aime bien, mais ça ne ressemble pas beaucoup à Mitchell.

-"Tu es seul": j'aime beaucoup. Notamment le saxo du fond mais également le texte attristé, malgré le fait qu'il raconte toujours la même histoire, celle du gars qui vient de se faire laisser tomber par sa donzelle. "Quant à l'amour, je ne veux plus y croire". J'aime bien la mélodie. Je trouve le morceau très agréable à entendre. Un bonbon au chocolat avec sa pointe d'amertume.

-"Revoir encore": au niveau musical, cela ressemble fortement à la chanson précédente mais me plait beaucoup moins.

-"S'il n'en reste qu'un": j'adore cette chanson. Plus personnelle, on sent qu'Eddy Mitchell remet les pendules à l'heure. Un certain humour est bien présent, un regard sur sa propre carrière, ses goûts, son temps à lui qui passe, on pourrait caractériser cette chanson comme un geste de fierté, une bravade. J'aime beaucoup. Facile à écouter, entrainant et drôle.

-"J'avoue": un autre morceau qui doit être une adaptation, mais je n'en suis pas sûr et ça m'énerve. En tout cas, les rythmes sont plus délicats et néanmoins dansants. J'aime bien. La clarinette ou la flûte qui fait écho à la belle vois d'Eddy me fait bien triper.

-"Les filles des magazines": bof, sympa mais sans plus.

A part quelques deux ou trois chansons que j'aime beaucoup, l'album me plait moins que les précédents. Il est moins marquant. Pourtant la voix d'Eddy Mitchell est toujours un délice et fait l'essentiel de l'attrait pour l'objet. Un album acceptable mais j'ai hâte d'entendre mieux.
Alligator
6
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le 3 janv. 2013

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