Cela faisait 3 ans que l'on attendait un nouvel album de la part de notre bon vieux Famine national, mais à quoi s'attendre de la part d'un des fers de lance du Black Metal Français qui n'a cessé d'innover et d'expérimenter tout au long de sa carrière : Des morceaux de 20 minutes avec parties acoustiques, d'autres avec des sonorités très electro, un autre où il n'hésite pas à caser un solo d'accordéon, que peut-il bien nous réserver comme autre surprise ? Car oui, Famine est très imprévisible, lui-même ne semble pas savoir ce qu'il fait, mais il le fait quand même, car provoquer et susciter des mauvaises réactions, voilà ce qu'il cherche vraiment à obtenir.


Parlons enfin de ce nouvel album, et intéressons nous tout d'abord à la pochette. On peut y constater plusieurs choses : La première chose qui attire l’œil n'est d'autre que cet artwork à la fois sublime pour son côté vintage que j'apprécie particulièrement, mais également par son message ouvertement raciste qui correspond totalement au caractère digne d'un adolescent prépubère edgy au possible que possède Famine qui n'hésite absolument pas à s'approprier le doux nom de "Nate Higgers" sur les crédits de son album, mais passons à ce qui nous intéresse vraiment : la musique, qui est finalement bien représentée par la pochette de l'album car ce dernier est divisé en deux parties, une première nommée "Traditional Part" où le groupe nous livre du Black Metal comme il sait le faire depuis tant d'années, et une seconde partie nommée "Degenerate Part" ou Famine s'exerce au "Hip-Hop" et plus particulièrement à la "Trap" qu'il semble beaucoup apprécier. On est alors en droit de se poser des questions et de commencer à s'inquiéter sur le résultat final de cet album...


Durant les premières minutes de l'album, on commence à être rassuré, celui-ci démarre très fort avec un "Aux armes" qui donne envie de castagner aux premiers abords et sur lequel on peut ressentir des influences très "Heavy Metal" avec ses riffs captivants et ses mélodies accrocheuses, et probablement l'un des meilleurs titres de l'album. L'album se poursuit avec un "Interlude" plutôt folklorique qui fait ressentir une ambiance très rurale comme Famine sait le faire, qui n'est d'autre qu'une simple mise en bouche pour "Songe Viking" qui m'a énormément surpris de par son côté progressif et prenant : Une intro qui sonne comme du KPN classique, une transition qui se caractérise par son côté Heavy pour enfin s'achever sur un Black Mélodique tantôt planant et tantôt chevaleresque avec le chant clair et écorché de Famine se mariant parfaitement avec une voix féminine qui l'accompagne, le tout soutenu par une trompette qui accentue la puissance de ce morceau. Sur le reste de cette "Traditional Part", Famine s'offrira même un featuring avec son bon vieux collègue Ukrainien, Alexey qui n'est d'autre que le vocaliste de M8L8TH sur "Raid Éclair" qui est un titre sympathique, mais peut-être le moins surprenant de la première partie de cet album car on y reconnaît parfaitement le style de KPN. Enfin, cette première partie s'achève sur du recyclage car Famine décide de réinterpréter "666 millions d’esclaves et de déchets", titre déjà présent sur la démo "Macabre Transcendance" à l'époque où Neige, charismatique leader du groupe Alcest collaborait encore avec Famine. Néanmoins, ce "recyclage" semble être un excellent choix, ce titre étant de piètre qualité sonore sous sa version démo, Famine redonne vie à ce magnifique titre en lui apportant plus de puissance et un son bien plus propre sans pour autant le dénaturer.


Ainsi s'achève la "Traditional Part" pour laisser place à la "Degenerate Part" qui s'ouvre sur un sample d'un reportage de France 3 dont le sujet était Peste Noire, et première surprise après cette intro, on se rend compte que le groupe n'a pas lâché les guitares pour autant, et nous livre un mélange de de Trap et de Black Metal qui apporte un côté expérimental et sombre parfaitement maîtrisé sur le morceau "Noire Peste" avec son riff à la fois répétitif et oppressant dont Lil' Famine accentue la folie avec ses vocaux sortis tout droit d'un hôpital psychiatrique.


Malheureusement si Lil' Famine semble avoir redoublé d'efforts pour la partie Black Metal qui est une totale réussite, on se rend compte qu'il a seulement redoublé tout court sur la deuxième partie de l'album où il n'a pas hésité à massacrer "Des médecins malades et des saints séquestrés", titre culte de l'album "La sanie des siècles : Panégyrique de la dégénérescence" avec des instru trap dont le beat est digne des plus gros tubes de Booba, et où il n'hésite pas à montrer son côté ouvertement identitaire sur un "Turbofascisme" sympathique musicalement, mais extrêmement gênant au niveau des textes ridicules qui sont loin du niveau d'écriture que l'on pouvait trouver sur les premiers albums du groupe. Enfin, l'album s'achève sur deux titres purement Trap : "Aristocrasse" et" Domine" qui sont clairement les deux morceaux de trop de cet album totalement inégal où Famine a fait l'erreur de s'exercer dans un style musical qui ne lui correspond pas alors qu'il a encore beaucoup de choses à prouver dans l'univers du Black Français.


Cependant, on ne peut que saluer la prise de risque de Famine qui a préféré aller du côté de l'expérimentation plutôt que de rester sur ses acquis, car avec cet album, le bonhomme nous prouve qu'il a encore beaucoup d'inspiration et qu'il excelle toujours dans son domaine de prédilection.

BrutalDread
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le 10 janv. 2019

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