Et ça commence par le retentissant Wouldn’t It Be Better...Nice, pardon. On a l’impression qu’on entre dans du Beach Boy commercial habituel. Tube pour cœurs tendres avec variations, pas mal, pour un morceau destiné à servir de soupe pour les radios FM. Court. Facile à retenir. Le morceau suivant suit la même logique, sauf que… commence le voyage. Une sonnette de bicyclette. Un chant choral. Un hautbois. Wilson se libère peu à peu de la pop sucrée. You Still Believe In Me.
Don’t Talk…Cet intro qui est vraiment baroque, son austérité, son orgue, ses cordes en soutien. Le seul rapport avec la « réalité », se sont les paroles sirupeuses de Love song. Les cordes rivalisent de sensualité, et les voix masculines hautes perchées, ça a toujours eut un effet bœuf, dans les oreilles, dans la pop. I’m Waiting For The Day, donne l’impression d’accélérer, mais accélérer pour quoi faire ? Ça reste cool. Faut pas presser. Les flûtes adoucissent le tempo, et la batterie ne sert que pour les relances. Un arc-en-ciel avec toutes ses harmonies vocales, et ces instruments à vent, et cette décontraction. Fallait le faire. De la pop plus d’écoute que d’hab, c’est sûr. Ainsi, un morceau comme : Let’s Go Away For A While, qui est très court, mais qui a une richesse qu’on jurerait plusieurs morceaux en un. Une plage instrumentale, qui illustrerait parfaitement une scène de film, colorée l’orchestration.
Sloop Johnny B. C’est la ballade plus classique. Voilà un morceau qui rappelle l’ancienne façon de faire, à la Beach Boy. Refrain simple, et la polyrythmie, et les vocalises pour faire tomber les filles.
I Wanna Go Home. Aurait pu faire le même effet pop lollipop, mais les arrangements font toute la différence. Les chœurs plus complexes, sur du rock plus sage, travail de synthèse, et culot d’artiste. Du rock plus « adulte », qui ne perd pas son âme d’ado, on peut rêvasser sans cause dessus. Le talent fait le reste. Voilà donc un tube insubmersible : God Only Knows. Pop symphonique. Je comprends pourquoi on emploi souvent ce terme pour désigner cet album. C’est de la chorale de beaux gosses, à plusieurs voix, et les mélodies sont sagement encadrées par l’harmonie. Le rythme qui n’est pas au centre, contrairement à 99 % des albums de rock normaux. Le rythme au service de la mélodie. Très fort ce morceau.
I Know There’s An Answer. Une science de l’écriture, qui fait s’étirer la mélodie sur toute la longueur du morceau. Plusieurs lignes mélodiques. Ça change du classique couplet-refrain. Des pauses. Des instruments « étranges », des accélérations, presque invisibles, tout ça à cause de ce tempo très lent, très cool. Sans jamais perdre le groove, (pop). Groove, es-tu la ?
Here Today. Hymne pop. Et je reste bluffé. Travail énorme et ambitieux. L’écoute est vraiment « facile » pourtant, jamais on ne s’ennuie. Bon signe. Il y a un clavecin qui intervient ( ?) I Just Wasn’t Made for TheseTimes. Mélancolique, encore. Affichée dans les textes, relayée par la brillance des voix, écrites, presque scientifiques. Les Beach Boys rattrapés par la réalité. Le rock est devenu pop, autant viser encore plus haut. La symphonie. Le mot est lancé. Canon. On ne s’en lasse pas. Avec du Sex appeal dans les voix.
Pet Sounds, ou l’Art de mettre en sourdine le très exigeant travail d’arrangement, et ne laisser paraître que la guimauve, apparente. Énorme effort de composition et d’orchestration. Ceux qui ont les oreilles en face des trous comprendront ce que je veux dire. Caroline, No. (Oh !) Un chien…
Le train…Expérimentation. Une histoire d’amour qui tourne court. Encore une ? That’s Not Me. Où on voit qu’il y a quelque chose de plus important que le tube pop. Les plages, les filles, le divertissement, ça ne l’amuse plus, Brian. Certains membres du groupe n’étaient pas d’accord avec ce revirement, ils ont tiqués un peu. Pas grave. Lui, il va au bout de son idée. Wilson fait une proposition qui va s’avérer payante. Musicalement. Financièrement se sera une autre paire de manche, vu l’échec commercial. Á trop vouloir donner des perles aux cochons…
Un album que j’ai écouté trois de suite pour comprendre. Aucun producteur ne va plus financer un projet pareil, c’est trop…beau. Echec assuré. Ainsi va la vie. Un big band rock qui se la joue adulte. Qui aime Bach, qui annonce certaines expériences des Beatles. McCartney est un grand fan de l’album. Il ne tarit pas d’éloges, on comprend pourquoi… Don’t Talk, me rappelle curieusement Eleanor Rigby… Il aurait dû sentir le moisi cet album. Trop vieux, daté, d’une sensibilité dépassée. Je l’écoute, il me donne l’effet d’un objet qui survole les années. Comme si ses qualités se cristallisaient avec le temps, justement. Comme pour me dire que la pop, c’est plus important qu’on ne le croit, et que ça peut voler plus haut qu’on ne la voit. Ça vaut mieux que les chansons à deux accords vite torchés que j’entends à la radio. D’accord…