Besoin de rien, pas envie de t'écouter

Que se cache-t-il sous le succès phénoménal et injustifié de Besoin de rien, envie de toi ? Au vu du désert de cette fiche album, ça n'a pas l'air d'intéresser grand monde. Pourtant, le détour en vaut la chandelle. Je n'avais jamais autant ri en écoutant un projet.

A l'image de son single phare, cet album éponyme traite d'amour, d'amour à l'eau de rose et encore d'amour idyllique. On ne peut pas tourner plus en rond. Le tout, apposé sur des mélodies over romantiques dignes de figurer dans les playlist slows des discothèques les plus gringes et kitschs. On gagne de temps en temps un peu plus en dynamique avec des sons plus dansants (Quoi qu'on dise)

Peter et Sloane avaient sans doute des problèmes budgétaires; d'où ce vide lyrical, ces mélodies lambdas et cette pochette d'album digne d'une photo de classe. Les paroles laissent donc entrevoir des rimes de pur génie que vous n'avez jamais entendues ailleurs. Celles-ci se composent en majorité de "EUUU----" bien contrenatures que Peter nous fait un plaisir de caser dans chaque son. Tandis que Sloane se surclasse dans les "A-AA---A". Bref, des rimes simples (Pour peu qu'il y en ait, parce que ce n'est pas dit) et accessibles à tous pour kiffer des soirées karaoké endiablées.

La tristesse du truc s'exalte dans le contenu des paroles. Dignes d'une poésie d'un enfant de 7 ans réalisée dans le cadre d'un devoir donné par l'instit', les lyrics défient toute concurrence. Ainsi Sloane se sent "aussi heureuse qu'un animal sauvage" et Peter témoigne d'une grande avancée pour la science en affirmant que "L'oiseau dans le ciel ne laisse aucune trace ".

Ce couple mythique se surpasse en réalité, dans le meublage infâme. A savoir la répétition indécente du refrain. L'amour c'est la fête, si on ne le sait pas à la fin de la chanson… je ne veux même pas savoir combien de fois ils le répètent. Ou encore de LALALALAAAAA dans C'était écrit notamment. Sachant que je ne connais qu'une seule autre personne qui s'était permise de caser un LALALAA dans un son, à savoir Jordy, un enfant de 5 ans.

On atteint l'apothéose dans le dernier morceau Comme les rêves d'enfants. Il n'y a plus d'idées (déjà qu'il n'y en avait pas beaucoup au départ), plus de budget (tout est parti dans la permanente de Sloane), plus d'envie (le couple est au bord de la rupture). Du coup, il n'y a plus de paroles. Seuls des OUAAAOUAAOUUUUA et UAUAUAAAAA beaucoup trop spirituels pour moi. Peter et Sloane ont atteint l'apogée de leur art, ils peuvent se retirer sereins. Ils seront entrés dans la légende et auront généré des revenus assez gras pour mener leur vie.

Si vous croyez en l'amour, faites de Peter et Sloane vos idoles que vous chanterez tous les soirs pour vous endormir. Si vous voulez rire, écoutez leurs paroles ridicules à mourir (d'autant plus quand on sait que leur propre idylle n'a duré que deux ans). Si vous voulez démontrer que la chanson ce n'était pas mieux avant, brandissez cet album comme totem d'immunité. En somme, Peter et Sloane seront toujours là pour vous, quelle que soit la situation, ne l'oubliez jamais. C'est ça le pouvoir de l'amour.