Enregistré un an après son départ de GENESIS, entre 1976 et 1977, avec Bob Ezrin aux commandes (celui-là même qui allait bientôt aider PINK FLOYD à bâtir son célèbre mur), Peter Gabriel développe un album particulièrement autobiographique où s’expose sa science du verbe intacte, cette poésie aux mélodies renforcées par un chant toujours aussi charismatique. D’entrée, Gabriel cherche pourtant à se démarquer de ses origines même si l’on retrouve quelques attirances dans l’exubérance (« Morbund the Burgermeister »). Surtout, voici une galerie de portraits qui veut rompre avec le passé musical du bonhomme en jouant avec les styles cabaret (« Excuse Me »), jazz (« Waiting for the Big One »), disco (« Down the Dolce Vita ») et rock (« Modern Love »). En ressort « Solsburry Hill », chef d’œuvre absolu basé sur son départ de… Genesis. Ce premier album marque les prémices d’un style en construction, non exempt de petits problèmes d’équilibre mais aux bases déjà bien solides comme en témoignent « Humdrum » et « Here Comes the Flood », titre téméraire qu’il considérait sur-produit mais qui défie toujours le temps. Quoiqu’il en soit, et bien que les critiques fûrent positives, le public apparemment destabilisé, ne lui accordera qu’un succès d’estime.