Planer sur un sgeg divin
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Issu du schisme de la formation originelle d'Amon Düül, dû aux idées trop extrémistes de certains, Amon Düül II passe aux choses sérieuses. En 1969 le groupe a encore tout à prouver. Provenant de l'underground, où l'on sait bien que l'inaudible côtoie le merveilleux, donnant dans un style décrété à la va-vite par des plumitifs anglo-saxons en mal d'étiquettes, les hippies teutons vont faire exploser leur talent à la face du monde, traumatisant probablement au passage nombre d'artistes rock en devenir. Et ça commence par Phallus Dei.
Comme l'a élégamment dit Sirius dans sa chronique de Yéti, Amon Düül II c'est avant tout une expérience. Une expérience sensorielle, dont on ne peut profiter pleinement si on est pas immédiatement immergé. Les tympans, bien sûr, sont entièrement noyés sous les brumes de guitares acides et violons électriques non moins corrosifs, mais il suffit de fermer les yeux pour s'imaginer un vaste paysage aux proportions dantesques, de renifler un coup pour halluciner les vapeurs délétères d'une flore infernale. Et j'arrêterai là le filage de ma métaphore sur les sens, afin d'éviter le drame d'évoquer le goût du Phallus Dei... hem. Tout ici est donc affaire d'atmosphère acides. Le psychédélisme dans une de ses incarnations les plus fascinantes. Très loin du psyché bon enfant de bon nombre d'anglo-saxons, la "Kosmische Musik" d'Amon Düül II sent le bad-trip à plein nez. Les musiciens jouent comme pris au piège dans un monde terrifiant, en témoignent l'urgence du disque, les élucubrations dérangées de "Dem Guten, Schönen, Wahren", les dissonances de l'épique morceau-titre. L'album est riche et exigeant sans être inaccessible. Au risque de radoter, le tout est de s'ouvrir sans a priori à la musique proposée sur le disque. La première écoute peut suffire à accrocher l'oreille. Après le premier contact avec le Phallus de Dieu, sans pour autant avoir absorbé les subtilités de l'album, on a déjà un goût étrange sur la langue, l'impression d'avoir vécu une expérience étrange, et en général l'envie de vivre ça à nouveau. Miôm.
Déjà un quasi chef-d'œuvre, le premier véritable album d'Amon Düül II est une pièce unique qui annonce la messe noire et les improvisations déjantées du suivant, Yéti, plus abouti encore.
The trip begins right now.
Chronique provenant de XSilence
Créée
le 30 juil. 2015
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