C'est un dimanche caniculaire. Un dimanche dans le noir d'une maison en pierre à la recherche d'un peu de fraîcheur. Un dimanche suffocant. L'image fait son apparition entre deux pages d'un bouquin, réminiscence du passé comme d'une autre vie. L'affiche est là. Noire. Avec ce thermomètre bleu glacé indiquant "Zëro". Fouiller la mémoire. Se souvenir de l'affiche. Se souvenir de l'absence. Jamais écouté, pas présente au concert. Écumer la toile, pêcher un Bandcamp. Et s'arrêter sur ce titre "Places where we go in dreams". S'arrêter aussi longuement sur l'illustration du non-disque. Tête renversée. Volute comme vomissure qui s'échappe. Un rêve qui part ? Une âme qui quitte ? Ou alors une âme qui pénètre ? Comme un fantôme perdu à la recherche de son enveloppe. Perplexe.
J'ai trouvé ma porte d'entrée dans le monde de Zëro.
Les pistes se déroulent. Et la température baisse de plusieurs degrés dans la pièce. Sensation de froid qui colle au dos, rampe sous la peau et se répand le long des os. Sensation d'être allongée entre carrelage et ventilateur. Bataillon de contradictions.
Voyage surréaliste. Paysage urbain sombre, noir, bétonné. Immeubles immenses. Errer seule dans ce paysage d'apocalypse dystopique. Cliché suivant. Océan de pétrole sur nuit noire. Etoiles fébriles, lueurs falotes. Et les paysages s'enchaînent. De piste en piste, images en nuances de sombre, de froideur, de bleu glacé. Jusqu'à cette place où nous allons en rêves.
Et les pensées se bousculent. Un peu. Les images se flouent. Et ce lieu s'esquisse en creux.
Ce serait un endroit noir profond, mais les étoiles y seraient fulgurance. Il y aurait tout à la fois le silence et le bruit, l'indolence et les émotions les plus intenses. Un endroit isolé, comme un secret qui offrirait la possibilité de se croiser au cœur d'un rêve... un endroit comme une île d'exil onirique.
Et l'album se termine. Il faut remonter à la surface. Ou bien redescendre. Comme revenir en soi. Revenir sur l'illustration. Tout fait sens après l'écoute.