Avant Planet Pit, je connaissais un peu Pitbull à travers quelques hits de clubs comme "I Know You Want Me" ou "Hotel Room Service". Rien de bien fameux mais j'arrivais presque à croire au type, qu'il était capable de faire des titres de dancefloor efficaces, du genre vite lancés vite oubliés mais agréables le temps que ça dure. Même cet album comprend un titre du genre ! "Give Me Everything" est bien produite et sa longue liste d'invités évite l'ennui. Si ce n'était que ça, Planet Pit aurait pu s'en tirer pas trop mal et nous laisser une impression positive.
Si ce n'était que "Give Me Everything".... Le hic, c'est qu'il y a 15 autres morceaux. Et là, Pitbull s'en donne à coeur joie. Tout de suite après le lead single commence une longue, très longue descente vers les Enfers, les 15 titres étant comme autant de marches vers la géhenne. Il faut lui donner ça, l'auteur de cet objet cauchemardesque est méthodique. Après "Give Me Everything" suit "Rain Over Me". L'air est catchy, le beat possible sur un dancefloor mais... Elle est exactement comme le tube juste avant, cette fois avec une production beaucoup plus cheap, un refrain ridicule et Mark Anthony - inapproprié sur n'importe quelle chanson digne de ce nom depuis 20 ans - comme seul invité.
Ensuite "Drop it on the Floor" enchaîne, 3e variation de "Give Me Everything" et là, après ça, c'est la débandade. À mesure que les titres se suivent on se sent envahi d'abord d'incompréhension, d'agacement, ensuite d'épuisement puis d'agressivité. Selon le degré de patience de chacun, on sera alors entre la 7, "Shake Señora" et la 10, "Took My Love". Mais attention ! On est seulement à la moitié et la pire est encore à venir. Là, c'est le massacre. À partir de là, Pitbull créé le fin fond, le dernier degré du dernier mauvais goût de la musique.
Vous pensez avoir souffert au cours des heures et des heures pénibles du Metal Machine Music de Lou Reed ? Il vous faisait une fleur le bon vieux Lou, il avait compris qu'il valait mieux tout ce mur de "son blanc" qu'une horreur comme "Castle Made of Sand", une ballade inaudible produite par Satan lui-même. Pour vous, "Friday" de Rebecca Black est ce qui s'est fait de pire en musique pop ? Laissez-moi rire ! Vaut mieux un CD avec 15 fois "Friday" qu'un avec une seule fois "Something for the DJs", un truc électronique que même un sourd grimacerait si cette daube jouait.
Enfin, vers la toute fin, il y a un titre qui transforme cette expérience déjà épouvantable en chevauchée apocalyptique. Le veux parler de "Shake Señora", le REMIX. Ce morceau est une insulte, une aberration. Un truc qui m'a fait douter un instant. Est-ce ça, la musique ? Comment ais-je pu aimer la musique, quand des trucs comme "Shake Señora" existe ? Allez, je ne m'attarderai pas plus longtemps, les frissons me reviennent. Sachez juste que quelque chose pareil ne devrait pas exister.
Planet Pit est inhumain, une torture qui ferait trembler les plus masochistes. Surtout n'y approchez pas, une catastrophe s'en suivrait, immanquablement.