Je n'imagine même pas la polémique qui a dû éclater en 1959 parmi les hautes sphères des puristes absolus du Dieu Bach. Jouer rubato sur une pièce de Jojo est déjà une sorte de crime contre l'humanité, alors imaginez carrément des improvisations, du swing, une liberté totale sur les partitions originales, ajoutez à cela une contrebasse et une batterie pour compléter le tableau, et vous avez ici l'ampleur du joli massacre annoncé.
Maintenant, c'est un très beau massacre, je n'ai point à redire là-dessus. L'origine de l'idée "Mixer Bach + Jazz" fut une plaisanterie et son exécution est plus un exercice de style qu'autre chose. Cependant, le clavier bien tempéré en lui-même est un exercice de style géant, alors je ne suis personnellement pas dépaysé. L'exécution est de plus formidable et Jacques Loussier arrive à insuffler une vie à l’œuvre de Bach, une fragilité, quelque chose que personne n'avait jamais fait. Tout le caractère "mystique" du compositeur est perdue, mais c'est pas plus mal pour autant. Après tout, avez-vous pensé un jour que vous pourriez swinger sur "Toccata et Fugue en Ré mineur BWV 565", vous ?
Et pourtant c'est sûrement la plus grosse tuerie du disque.
http://www.youtube.com/watch?v=vPOsrVekGVk
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