Ceux qui classent Bashung dans la variet' devraient jeter une oreille là-dessus. Ce gouffre post-punk doit plus à Suicide et Joy Division qu'à Jean Jacques Goldman. Un cauchemar nihiliste où les guitares ont été remplacées par des machines et où le chanteur porte une camisole de force. Sur Play Blessures, on baigne dans la gnôle, on baise dans la crasse et on s'immole dans l'espoir de ne laisser aucune trace. Dès le premier morceau, la destination est annoncée : droit dans le mur et à toute vitesse. Les quelques mois d'écriture se déroulent dans le 7e arrondissement de Paris, entre l'appartement de Gainsbourg rue de Verneuil et son bistro préféré rue de Solférino. De ces séances de travail éthyliques naîtra une œuvre extrême qui nécessitera un nombre d'écoutes raisonnable avant d'exercer une véritable fascination chez l'auditeur. L'inspiration, Bashung et Gainsbarre la trouvent en s'envoyant des cocktails insensés, du genre vodka-pastis ou gin-champagne. Au comptoir, le patron peine à fermer son établissement tous les soirs, tandis que Gainsbourg paye ses tournées. Quand à la jeune serveuse, sa mini jupe inspire le titre Lavabo aux deux ivrognes, sorte de gueule de bois où se mêlent état nauséeux, vandalisme et culpabilité post-coïtale.
Extrait du podcast Graine de Violence, la version complète dispo ici : http://www.chicane-magazine.com/2017/07/13/podcast-graine-de-violence-alain-bashung/